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Portrait de Gaëtan Faucer par Patrick Lowie

J’écoute attentivement Gaëtan Faucer, écrivain et auteur de plusieurs pièces de théâtre. Nous sommes assis à l’intérieur du Théâtre Artistic Athévains à Paris à l’une des table rondes, chaises pliables de jardin, mobilier qui n’était pas sans me rappeler le café-cinéma Le Paltoquet que j’avais ouvert à Bruxelles en 1989. Après de longs instants d’échanges sur nos projets respectifs, le tout avec beaucoup d’écoute, de respect mutuel, il me dit : Patrick Lowie, je dois vous parler d’un projet qui me tient à cœur mais qui me semble irréalisable. J’aimerais vous proposer de le mettre en scène. Je plonge dans ma tasse de thé, par timidité, et en y ressortant je lui dis : vous savez que ce théâtre a été un cinéma de 1935 à 1970 ? J’ai l’intime conviction qu’ils y ont projeté « Théorème » de Pasolini. J’ai des dons de voyance et je peux revoir des événements passés sans y avoir participé, et lire les rêves qui vous marquent à jamais. L’idée de mettre en scène au théâtre ce cauchemar pourrait avoir des effets bénéfiques pour vous, pour votre âme, pour votre amour, pour votre arbre généalogique, pour votre art et surtout pour remettre en perspective votre nécessité d’écrire comme vous le faites si bien. Je vous conseille vivement de le mettre en scène vous-mêmes, je peux vous accompagner si vous le désirez. C’est un beau projet surtout à cette époque où l’art n’est plus qu’un vulgaire produit d’amusement d’une société de consommation en perdition. Il murmure : De nos jours, un spectacle de fakir ne vaut plus un clou. Des adolescents entrent dans le théâtre, une classe d’étudiants. L’un d’eux ressemble à Antoine Monnier, le jeune homme qui joua le rôle de Charles dans Le Diable probablement de Robert Bresson, il parle avec son professeur : Sachez monsieur que je vous admire, je vous trouve même très beau et épatant, mais moi je refuse l’engagement, je suis trop dégoûté par le monde qui m’entoure. Gaëtan Faucer fixe mon regard : je ne vous ai pourtant rien dit de ce cauchemar et encore moins de ce qu’il s’est passé à mon réveil. Je prends de l’argent de ma poche et je paie les consommations. Suivez-moi, lui dis-je, je vais vous montrer quelque chose. Vous allez intituler la pièce « Le cauchemar après le cauchemar », n’est-ce pas ? On se dirige vers les coulisses du théâtre, on traverse des couloirs labyrinthiques, on déplace des bahuts de poupées en tous genres, des buffets en teck, des costumes et des accessoires, derrière tout cela, on observe une belle chatte siamoise, tondue et grise, enceinte, sur le point de mettre bas. Je glisse à l’oreille de l’auteur : Monsieur Faucer, donnez-moi la didascalie. Au même moment, deux renards affamés arrivés de nulle part attaquent subitement la chatte grise tondue et dévorent sa matrice et tout ce qu’elle contient. Vous savez, cher ami, qu’au théâtre plus que dans la vie mais moins que dans les rêves, nous pouvons transformer les événements du monde. Je vais donc à l’instant me transformer en deus ex machina et tuer à mon tour ces renards. Que s’est-il passé à votre réveil ? Je lis la didascalie : à mon réveil, ma douce prégnante, m’apprend avoir perdu notre enfant.

http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article9349

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