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PLUS BRILLANT QUE LE SOLEIL

Plus brillant que le Soleil
Plus pur que la neige
Plus subtil que l’éther
Est le Soi
L’esprit en mon cœur
Je le suis moi-même,
Je suis moi-même cela.
Une «lumière plus brillante que le Soleil» doit s’allumer en l’être humain s’il veut contempler les êtres et les choses de l’âme et de l’esprit.
Elle émane d’une source qu’on allume en soi-même dès lors que l’on recherche le soi supérieur éternel.
Ce soi supérieur émane d’une autre origine que le soi inférieur.
Ce dernier perçoit le milieu quotidien.
Ce qui vit dans ce milieu a pris naissance, tout comme il passera.
La sensation qu’on en retire n’a donc également qu’une valeur passagère.
Notre soi passager est également constitué de ce genre de sensations ainsi que des pensées forgées en relation avec elles.
Tout objet éclairé par le Soleil a commencé par ne pas être, tout comme il est voué à la disparition.
Le Soleil lui-même est également apparu, tout comme il est appelé à disparaître.
Mais l’âme, elle, est présente pour reconnaître l’aspect éternel des objets.
Lorsque la Terre aura disparu, les âmes qui l’ont habitée demeureront.
Elles emporteront ailleurs, comme souvenir, les expériences qu’elles y ont vécues, tout comme une bonne action accomplie envers moi disparaît en tant qu’action mais demeure implantée en mon âme.
Le lien d’affection qui m’a ainsi uni à autrui ne passe pas.
Toute expérience vécue est à l’origine d’un élément qui demeure en nous.
Nous puisons dans les choses leur aspect permanent et le transportons dans l’éternité.
Lorsque les êtres humains seront, un jour, déplacés vers un autre théâtre, ils emporteront avec eux leur récolte d’ici-bas.
Les actes accomplis dans le nouveau monde seront ainsi entrelacés avec le monde ancien.
Car aucun germe ne reste sans porter de fruits.
Un lien d’amour avec un être humain sera le germe dont le fruit apparaîtra dans l’avenir, et le lien en restera pour l’éternité.
C’est ainsi qu’en nous vit «quelque chose» qui est tissé à la force divine qui attache les choses au tissu éternel universel.
Ce quelque chose est notre moi supérieur.
Or, celui-ci est «plus brillant que le Soleil » .
La lumière du soleil n’illumine l’être humain que de l’extérieur.
Mon soleil de l’âme l’illumine de l’intérieur.
C’est pourquoi il est plus brillant que le Soleil.
Plus pur que la neige
En soi chaque chose est pure.
Elle ne peut se maculer qu’en se mélangeant à une autre qui ne devrait pas y être mélangée.
L’eau en tant que telle est pure.
Mais ce qui souille l’eau serait pur lui aussi s’il était considérée pour soi et non mélangé indûment à l’eau.
Le charbon est en soi pur.
Il ne devient souillure que mélangé indûment à l’eau.
Lorsque l’eau revêt sa forme propre dans un cristal de neige, elle expulse tout ce qui se trouve lié à elle indûment.
De même, l’âme humaine se purifie en expulsant d’elle tout ce qui s’y trouve lié indûment.
À l’âme appartient le divin, l’éternel.
Tout idéal, toute pensée touchant à quelque chose de grand et de beau appartient à l’âme.
Elle se purifie en se recueillant sur ce genre d’idéaux et d’idées, tout comme l’eau se purifie en prenant la forme du cristal.
Et comme l’esprit est plus pur que toute substance, le moi supérieur, c’est-à-dire l’âme qui vit dans le haut, est « plus pur que la neige »
Plus subtil que l’éther
L’éther est la substance la plus fine qui soit.
Mais toute substance est encore dense, comparée à la nature de l’âme.
Ce n’est pas le corps dense qui demeure, mais le corps fin.
La pierre, qui pour nous représente la matière, disparaît en tant que matière.
Mais la pensée « une pierre », qui vit au sein de l’âme, demeure.
Dieu a pensé cette pensée.
Il en a fait la pierre dense.
Tout comme la glace est de l’eau densifiée, la pierre est de la pensée divine condensée.
Toute chose est ainsi de la pensée condensée.
Le moi supérieur lui dissout toute chose, et en lui vivent alors les pensée divines.
Et lorsque le soi est tissé de ces pensées divines, il est « plus subtil que l’éther».
L’esprit en mon cœur
L’être humain n’a réellement compris une chose que s’il l’a comprise en son cœur.
La raison et l’entendement ne sont que les intermédiaires de la compréhension du cœur.
Par l’entendement et la raison, on pénètre dans les idées divines.
Mais il faut apprendre à aimer de telles pensées.
L’être humain apprend peu à peu à aimer toute chose.
Cela ne signifie pas qu’il abandonne ainsi son cœur à tout, sans esprit critique.
Car l’expérience commence toujours par tromper.
Mais dès que l’on s’emploie à examiner les fondements divins de toute chose, on finit par l’aimer.
Si j’ai devant moi un homme dépravé, il ne convient pas du tout d’aimer sa dépravation.
Je ne serais alors que dans l’erreur et n’aiderais point autrui.
Mais si j’examine les causes qui ont conduit tel homme dans sa situation et si je l’aide, par mon soutien, à se départir de son vice, non seulement je lui viens en aide, mais je me fraie une voie vers la vérité.
Il me faut chercher partout comment je puis aimer.
Dieu est en toute chose, mais il me faut d’abord y rechercher le divin.
Il ne convient pas d’aimer d’emblée l’aspect extérieur d’une chose ou d’un être, car il est trompeur, et je suis en danger de faire porter mon amour sur une erreur.
Mais derrière toute illusion se trouve la vérité, or on peut toujours aimer celle-ci.
Lorsque le cœur cherche l’amour de la vérité en tout être, alors vit « l’esprit en mon cœur ».
Un tel amour est le vêtement que doit porter l’âme en tout temps. L’âme tissera ainsi elle-même les brins du divin en toute chose.
*
Rudolf Steiner.
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