On aspire au respect, il faut jouer un rôle.
Quand on se soucie fort de sembler bien pensant,
On ne rit que sous cape aux propos indécents,
On ne se permet pas de grivoises paroles.
Or, tous les humoristes transgressent les tabous
Car la trivialité fait naître le fou rire.
Ils savent des façons de mimer ou de dire
Les choses que souvent, on ne dit pas du tout.
Avant, l’esprit faisait éviter le vulgaire.
Il conférait du charme à des récits osés,
Il nous rendait témoins surpris et amusés.
Mais la compréhension, parfois, n’était pas claire.
Je ne saisissais pas, quand j’étais innocente,
Ce qui mettait en joie mes amis libertins.
Ils ne s’exprimaient pas, cependant, en latin
Lors leur jubilation était déconcertante.
L’humour a bien changé. De nos jours faire rire
Est user de grotesque et de naïveté.
Plus de mots incompris, pas de subtilité.
Pour qui passerait-on si l’on osait médire?
Je comprends aisément la douce nostalgie
De rares humanistes qui demeurent grivois
Et osent s’exprimer, en élevant la voix,
Faisant fi du respect qui le leur interdit.
4 août 2011
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