Célèbre ouvrage en latin de François Pétrarque (Francesco Petrarca, 1304-1347), écrit en 1342-1343 et publié dans sa version définitive entre 1353 et 1358. Son titre exact est: "De secreto conflictu curarum mearum".
Il s'agit d'un document fondamental sur la terrible crise que connut le poète et qui doit être mis au même rang que les "Rimes extravagantes" et que les plus célèbres "Lettres". Cette oeuvre, qui est une sorte de confession spirituelle, témoigne de la parfaite conscience que le poète avait de son tourment intime. Alors que le poète s'est endormi, à la suite d'une longue et pénible méditation sur l'exitence et sur les maux qui l'accompagnent, voici que la Vérité apparaît sous les traits d'une grave matrone accompagnée de saint Augustin, vénérable vieillard. La Vérité incite le saint à intervenir auprès du poète, pour le sortir de sa torpeur spirituelle et faire en sorte qu'il se comporte en chrétien selon ses bonnes intentions.
Dans un dialogue qui dure trois jours, Pétrarque et saint Augustin s'entretiennent alors devant la Vérité silencieuse (d'où la division en trois livres). L'auteur des "Confessions" personnifie ici la bonne conscience de Pétrarque selon la conception chrétienne, en quelque sorte un juge intérieur qui lui reproche son penchant pour les biens de ce monde; mais ce poète, sentant que son humanité réside dans ces biens, tente de se justifier, passe en revue ses tourments et ses maux, avoue son désarroi et finalement s'accuse d'être incapable de vaincre le mal sans le secours d'une illumination divine. A quoi saint Augustin lui répond que la Vérité, témoin muet, ne peut accepter ni subtilités, ni tromperies inutiles. Le poète lui rappelle alors avec amertume qu'il a bien souvent souffert et pleuré devant la misère de la vie intérieure et son dur combat contre les tentations. Sur ce, saint Augustin lui fait remarquer, paternellement mais avec sévérité, que s'il fut le témoin de ses larmes, il ne l'a pas été de sa volonté.
Pétrarque concrétise ainsi dans ce dialogue son tourment et ses contradictions, résultat d'un ordre de choses qui le dépasse et qu'en fait sa raison n'accepte pas. Conscient des biens et des maux de ce monde, dont il peut à loisir et en esprit s' "évader", il s'interdit d'y changer quoi que ce soit de crainte d'y perdre son âme. Ainsi Pétrarque entend-il préserver les qualités d'un "âge d'or" dont il se considère, en tant qu' humaniste, le dépositaire et le représentant. Conscient des contradictions historiques qui commandaient à son époque, Pétrarque entend concilier, dans une formule, la réalité souveraine du corps et une morale qui en prêchait l'anéantissment.
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