Ce pont d’autoroute est sa demeure. De désillusions en déconvenues, il s’est installé, au bout d’une longue errance, dans cet endroit un peu écarté de la ville. Il vivote d’expédients qu’il trouve dans les poubelles du super marché à quelques kilomètres de là. Ses dernières richesses d’homme lui ont été dérobées. Il est nu dans ce monde, il est sans biens mais son esprit est libre. C’est sa nouvelle richesse. Il s’évade longuement chaque jour dans un autre monde dépouillé, démuni de vicissitude où la sérénité l’envahit.
Les compagnons, qui partagent ce lieu avec lui, ne sont pas glorieux, mais il s’en accommode sachant que tous ont eu un parcours chaotique et que la vie ne les a pas épargnés. Couchés dans ces cartons de fortune, ils se protègent du froid et de la pluie. Protections bien légères et insuffisantes contre l’adversité qui les accompagne.
Résignés d’être ce qu’ils sont, la vie continue dans cet endroit et dans le bruit de la ville au loin. Ce lieu ouvert au vent n’est pas sans danger. D’autres hommes plus pauvres de cœur et d’âme, sans maître ni loi viennent les insulter, les battre et les laissent parfois pour mort.
Les corps endoloris gardent les marques des coups volontaires comme les paroles des braves gens qui en font des déracinés, des exilés, des malvenus. Ils sont malheureusement ce que la société a fait d’eux. Des hommes qui n’ont pu s’accrocher aux wagons de ce train qui emmène, tire la masse humaine vers le futur. Ils sont restés sur le quai, ébahis, étourdis par cet abandon. Leurs destins se sont figés dans la misère, le froid, la résignation. Peu de mains tendues pour les hisser, les porter sur ces rails qui s’accélèrent, s’empressent vers un monde nouveau.
Son parcours à lui, de pauvre, s’est enchainé à ce pont de fortune qui se dresse, résistant, solide dans cet univers où rien de dure.
Son esprit actif a trouvé une paix avec lui-même. Il est arrivé à se dire, à penser la belle chose que le contentement dans la pauvreté.
Il sait qu'il n’a pas toujours été cet être déchu. Qu'il était un homme fier et courageux. Ses souvenirs apaisés lui rappellent cette vie d’autrefois, trépidante durant laquelle tout lui souriait, argent, talent, amour.
Depuis peu, ses réflexions lui donnent raison, il a acquis une sagesse qui est réelle et qui l’emplit de joie. Il a accepté son état d’homme pauvre. Sa façon de voir le monde a changé et il n'estime point pauvre celui qui sait s'accommoder avec bonheur de ce qui lui reste.
C’est avec cette certitude qu’il continue sa vie .
Commentaires
Oui, difficile à croire que certaines personnes rejettent tout pour vivre une vie dépouillée avec l'espoir de trouver la sagesse et la paix.
Bon dimanche Adyne.
Amitiés
Josette
J'ai difficile de croire, que cette situation, l'accomode avec bonheur, c'est peut-être pour cette raison, qu'il est dans cette situation.
Merci pour ce partage.
Bon dimanche.
Amitiés.
Adyne