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La très jeune commissaire, Laura Neve* s’est penchée sur les magiciens de l’art qui ont contribué à faire naître Paul Delvaux au génie de sa maturité. L’exposition se décline en neuf temps artistiques, chaque fois un éblouissement pour Delvaux qui se frotte aux influences, pour finalement secréter ses propres secrets artistiques. Lui et Magritte ont reçu tous deux l’empreinte du symbolisme de Montald à l’académie de Beaux-arts de Bruxelles. Mais tout commence dans la forêt de Soignes, au Rouge-Cloître, où l’artiste peint tous les jours et nous livre cette merveilleuse …. « Source de l’empereur », une œuvre pénétrante par la magnifique lumière qui s’en dégage. Delvaux est tributaire de ce groupe de pleinairistes sous la houlette d’Hippolyte Boulenger. Nous découvrons l’école de Tervuren. On peint la nature, avec réalisme, on est à la recherche du vrai, mais voilà que la toile de la source explose de beauté, d’une lumière presqu’impressionniste.
De sources en sources Laura Neve qui a imaginé toute cette exposition, met chaque fois en présence les affinités artistiques de Delvaux et ses œuvres produites dans l’effusion du moment. De ces dialogues picturaux naissent de très belles émotions. Nous pouvons ainsi saisir des couleurs fauves dans son « Paysage mosan », peint en 1925, entrevoir une influence de Cézanne dont il a sans doute vu des toiles lors de voyages à Paris, avec les aplats de couleurs dans son « Intérieur de Forêt ». Delvaux dit de lui : « Il a allié le style à la couleur, à l’idée ». Le parallèle des deux œuvres vibre comme de l’amitié.
Vint la période Renoir. « Le portrait de famille » de Delvaux dialogue avec « Les fillettes » de Renoir. Mêmes rythmes, mêmes incandescences, mêmes volutes picturales. Emotions partagées entre « Nus dans la forêt » et « Les baigneuses » de Renoir. Le détachement d’avec la réalité apparaît, les corps sont idéalisés, on pénètre dans une sorte de paradis terrestre fort éloigné des réalités industrielles, l’imaginaire parle avec la lumière. Et voici une nouvelle inclination, avec Modigliani, les visages ovales, les formes élongées, les grands yeux en amandes, les bouches en cœur et le regard absent. Tourné vers l’intérieur ou baigné d’absolu. « Les jeunes filles à la campagne » sont emplies de rêve et d’une lumière évanescente, sur un début de grisaille de plomb. Toute sa vie Delvaux idéalisera la figure féminine, souvenir cuisant d’un amour malheureux, mais qu’il finira par épouser… en 1952.
Il sera ensuite intrigué par le monde grotesque et caricatural de James Ensor. Il visite le musée Spitzner, les monstruosités d’une baraque foraine de la Gare du Midi, et c’est le choc. Les œuvres de squelettes se côtoient mais les squelettes de Delvaux vivent, dansent, s’amusent, ils ont des expressions très humaines, fort ludiques.
C’est maintenant la force primitive et la palette de Permeke qui le fascinent, malgré des préoccupations d’artiste divergentes. Ensuite c’est l’engouement pour le mysticisme et le raffinement de Gustave Van de Woestijne: même mélancolie raffinée dans « L’attente » et « Le rideau rouge » de Delvaux. En 1933, à la mort de sa mère plus d’une centaine d’œuvres disparaissent dont une Maternité.
« Les noces à Antheit » : son village natal est presque un noir et blanc avec quelques touches de couleur, le photographe est à l’avant plan, il a gelé les personnages dans une pose très guindée. La mariée est figée dans les interdits. On y voit probablement le peintre et sa première femme dont il divorcera après avoir retrouvé Anne-Marie Demartelaere en 1947, par hasard.
Mais en 1934 arrive la révélation du surréalisme avec la découverte de Giorgio De Chirico. Elle lui ouvre grand les portes de l’universalité et de la poésie. Dans les toiles de l’artiste italien, Delvaux se laisse emplir de silence, cloue l’angoisse dans les paysages déserts, sème des éléments d’architecture antique, fait naître l’étrange. Il se livre enfin au monde de ses rêveries intérieures, au culte du nu féminin. Il a trouvé sa voie. Côtoyer Magritte ne fait que le confirmer dans ses choix.
Les neuf étapes de la genèse de son œuvre sont accomplies. Multiple, il devient unique. Il ne se joint à aucun mouvement artistique, fuyant les –ismes et toute espèce d’étiquette. Une influence princière d’Ingres traverse aussi toute ses œuvres : la recherche de la perfection formelle, très classique, qui soutient son style inclassable, … et resplendissant.
Visiter cette exposition, c’est comprendre, aller de surprises en découvertes, c’est voyager dans le temps et les correspondances, c’est faire le plein d’émotions, se laisser porter et rêver…L’affiche est sublime, mais il n’y a pas qu’elle qui vous ravira!
http://www.ixelles.be/galerie/2010/20100930delvaux/
Jusqu’au 16 janvier 2011
Musée d’Ixelles, Van Volsem 71, 1050 Bruxelles
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Nocturne du Musée d’Ixelles
Jeudi 16.12.2010 – 18.00 > 22.00
Visites guidées en néerlandais et français (19.00), français et anglais (20.00), italien et
grec (21.00).
Meet the curator – 20.30 : exposition Delvaux – en français.
Entrée et visites gratuites. Réservation exigée : 02/515 64 21.
http://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/nocturne-et-programme-...
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Menneken-Pis. Tenue de soldat volontaire de Louis-Philippe. Le cuivre de la statuette provient de douilles de balles de la révolution belge de 1830.
(Collection Robert Paul).
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