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« Genèse d’une pensée » est un ensemble de lettres du père Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), publiées en 1964. C'est le recueil des lettres (du 13 décembre 1914 au 17 septembre 1919) écrites par Pierre Teilhard à sa cousine Marguerite Teilhard-Cambon (1880-1959), en littérature Claude Aragonnès, pendant la première guerre mondiale et l'année qui suivit l'armistice. Ce recueil est précédé d'une étude sur Marguerite Teilhard-Chambon, et de la préface rédigée pour celle-ci deux mois avant sa mort accidentelle. Une carte permet de suivre les secteurs du front successivement occupés par le 4e mixte Zouaves-Tirailleurs, régiment de Pierre Teilhard. La publication des lettres conservées est quasi intégrale (celle du 30 septembre 1917 manque), le texte n'a pas subi d'altérations, les quelques coupures sont indiquées, les annotations restent sobres. L'intérêt de cette correspondance majeure est multiple.

 

1) C'est un document historique sur la première guerre mondiale, d'autant plus intéressant que le régiment a circulé tout le long du front. C'est exact et pittoresque, sans forfanterie, ni recherche de l'horrible.

 

2) C'est un document biographique et psychologique irremplaçable qui permet de reconstituer, à part les permissions et deux lacunes (du 15 avril au 10 juin 1917, du 16 octobre 1917 au 9 juillet 1918) l'emploi du temps exact du brancardier Teilhard, et où son âme, malgré une profonde pudeur naturelle, se révèle sans pose ni fard, car cet échange de lettres est d'une parfaite transparence.

 

3) C'est un document philosophique et religieux particulièrement prenant: La guerre a provoqué l'éveil du génie teilhardien: il perçoit la réalité et l'organicité des grandeurs collectives, il accède à la notion de planétarité humaine, il ressent l'existence et les contours de la noosphère, c'est-à-dire d'une terre pensante et unanimisée. On assiste aussi à la première émersion de la mystique pan-christique. En face de la réalité quotidienne de la mort, c'est l'image du Corps mystique qui s'impose à Teilhard. Etonnante vocation de prêtre-soldat, engagé ardemment dans la guerre, mais dont l'unique passion est de s'unir à l'agir de Dieu. Le lecteur a donc le privilège de suivre l'élaboration de nombreux opuscules de guerre, depuis leur première conception jusqu'à l'achèvement, ce qui justifie le titre (factice) du recueil: "Genèse d'une pensée".

 

4) Le plus important peut-être, c'est qu'on découvre un directeur de conscience singulièrement averti, qui a reçu la grâce du discernement des esprits. Il ne se contente pas d'échanges intellectuels avec sa cousine, il vise surtout à un dialogue spirituel où, avec tact, il dirige la vie intérieure de Marguerite, Directirice de l'Institut Notre-Dame-des-Champs, à Paris, le soutient au milieu de ses scrupules et de ses découragements, et l'aide dans son ascension vers le Christ, vers un complet abandon à la volonté de Dieu: bref le jeune religieux essaie la force et la fécondité de son évangile -assumer le monde, mais en passant par la voie du détachement.

 

5) L'intérêt littéraire est loin d'être négligeable avec un style d'une jaillissante spontanéité, familier sans vulgarité, qui témoigne d'une distinction naturelle, d'un sens aigu de la vie intérieure et d'un goût de l'observation qui, loin de l'anecdotique, multiplie les paysages et les tableautins.

 

Pour Rolande Quivron, dont je me souviens, malgré un très grand nombre d'années, que  la cheminée de son appartement,  s'ornait simplement d'une modeste petite photo noir et blanc de Teilhard de Chardin.

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Commentaires

  • Merci Robert de l'envoi de ce texte. J'en ai été profondément émue. Je reconnais bien là ta délicatesse, ton humanisme et, aussi l'expression de ton amitié.

     

    Effectivement, la photo de Teilhard de Chardin se trouvait bien là, sur ma cheminée. C'est Dominique de Wespin qui me l'avait offerte. Nous étions très liées toutes deux et je l'ai accompagnée jusqu'au terme de sa vie terrestre. Je la sens présente et lui parle car elle reste Vivante au-delà du Temps. Toute une série de coïncidences étranges m'ont conduite vers elle. Elles avaient débuté en 1975, suite à la lecture d'un article dans Historia pour célébrer le vingtième anniversaire de la mort du Père Teilhard. (décédé en 1955 à New York dans un état de grande solitude). C'était l'époque où je cherchais, me cherchais, après avoir vécu deux états d"Expérience d'état proche de la Mort" et réduite au silence pour de simples raisons de sécurité. Car ces expériences dépassent les Religions. Je m'étais égarée dans des recherches ésotériques, le Bouddhisme, l'Islam et était prête à abandonner l'Eglise lorsque j'ai lu cet article : il correspondait exactement à mes recherches. A partir de cet instant, j'ai consacré mes lectures aux oeuvres de Teilhard. J'ai eu, là aussi, beaucoup de chance : l'organisme où travaillait mon mari possédait une vaste bibliothèque et .... beaucoup de livres concernant le Père Teilhard.

    J'ai commencé par une biographie de Claude Cuénot. Bien m'en a pris . Elle contenait de nombreux extraits de cette oeuvre gigantesque. Elle m'a familiarisée avec son vocabulaire. Malgré la persécution exercée par l'Eglise à son égard, il lui était restée fidèle. Un  éclair m'a traversée. Pour qui me prenais-je ? Je n'arrivais pas à la hauteur des chevilles de cet homme et j'allais abandonner? Il n'en était pas question.. Bref, c'est grâce à lui

    que je suis restée attachée  à cette Eglise, envers et contre tout. Après avoir pris ma retraite, je me suis retrouvée membre de la Société Teilhard dans d'autres étranges circonstances : je venais tout juste de lancer mon deuxième recueil "Equations" lorsqu'un article dans le soir "Carte Blanche" je crois a attiré mon attention. Il était intitulé "Votre vie est-elle une équation ?" par Guido Van Damme.Plus une adresse de contact et un numéro de téléphone. C'est là qu'à débuté la partie la plus exaltante de ma vie. Et le départ d'une profonde amitié avec celle à qui je désire rendre hommage : une Très Grande Dame : Dominique de Wespin qui me considérait comme une véritable poétesse. Ce qui, parfois, me faisait rougir. Bien entendu j'ai approfondi les enseignements de l'Eglise et me suis surtout intéressée à ses Mystiques qui ont beaucoup à nous apprendre.

    Et j'attends la canonisation du Père Teilhard de Chardin que je considère comme un Très Grand Saint.

    Je ne te remercierai jamais assez, Cher Robert, pour l'envoi de cet article. Bien entendu, j'ai lu cette "Genèse d'une pensée". Merveilleux et à conseiller. La redécouverte de ces écrits ne peut qu'être bénéfique pour tous.

     

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