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Octobre

Ce sang ne séchera jamais sur notre terre

Et ces morts abattus resteront exposés,

Nous grincerons des dents à force de nous taire,

Nous ne pleurerons pas sur des croix renversées.

Mais nous nous souviendrons de ces morts sans mémoire,

Nous compterons nos morts comme on les a comptés,

Ceux qui pèsent si lourd au fléau de l’histoire,

S’étonneront demain d’être trouvés légers.

Et ceux qui se sont tus de crainte de s’entendre,

Leur silence non plus ne sera pardonné,

Ceux qui se sont levés pour arguer et prétendre,

Même les moins pieux les auront condamnés.

Ces morts, ces tristes morts sont tout notre héritage,

Leurs pauvres corps sanglants resteront indivis,

Nous ne laisserons pas en friche leur image,

les vergers fleuriront sur les prés reverdis.

Qu’ils soient nus sous le ciel comme l’est notre terre

et que leur sang se mêle aux sources bien-aimées.

L’églantier couvrira de roses de colère

Les farouches printemps par ce sang ranimés.

Que ces printemps leur soient plus doux qu’on ne peut dire,

Pleins d’oiseaux, de chansons, et d’enfants par chemins,

Et comme une forêt autour d’eux qui soupire,

Qu’un grand peuple à mi-voix prie levant les mains.

Jean Amy

N.B: Jean Amy est le nom que Paul Eluard avait pris dans la résistance.

Il semble que ce magnifique requiem soit peu connu. Aurait-il été égaré?

Il m'est parvenu, sur sur feuille de cahier d'écolier, à Alger en 1944.

 

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