Depuis notre arrivée sur terre nous évoluons parmi un monde de mystères. Progressivement avec les connaissances que nous acquerrons , certains mystères perdent de leur intensité.”Rien ne se perd ni ne se crée, tout se transforme ” écrivait Lavoisier mais la question majeure de notre existence est celle de notre présence. Plus précisément notre présence une fois que nous aurons dispersé notre énergie d’une vie. Il n’est pas question d’admettre que notre présence se limitera à une éternelle position allongée sous le marbre et le choix de la crémation visant à apaiser cette lourde circonstance ne résout en rien la question .Qu’allons-nous devenir et puisque le corps est hors d’usage que va devenir notre esprit ou notre âme pour ceux qui les différencient ?

Depuis qu’il est confronté à la prise de conscience d’exister, l’être humain a imaginé différentes pistes selon sa convenance. On sait ce que dans la pratique elles ont pour conséquences. Il est un fait incontestable, celui-là, qu’elles ont la particularité de précipiter leurs concepteurs plus vite que prévu dans le champ des certitudes qu’ils ont élaborées. Etrange, en effet, qu’il faille des combats sanglants pour une cause identique consistant à défendre l’idée d’une présence dans “l’au-delà” ! A moins que l’hypothèse de l’au-delà serait le passeport libérateur de sa bonne conscience. Jouer avec la vie et la mort n’a rien de grave puisque l’essentiel serait ailleurs. Je crois pour ma part que le mystère ne tient pas dans cet imaginaire là, en tout cas pas dans les descriptions que l’on a coutume de faire.

Nous sommes issus de l’union d’un spermatozoïde et d’un ovule. Cet être crée par cette rencontre a une durée connue et doit mourir. Il sera le seul doté d’une conscience d’exister qui s’affirmera progressivement en se dotant d’éducation, de morale, de logique …les animaux et les plantes n’en étant pas pourvus.Mais s’ils l’étaient, ils en parlent moins !
Cette conscience d’exister conduit l’humain à s’attacher à l’univers qu’il découvre, à imaginer ce que sera sa destinée une fois l’énergie dissipée. Quoi de plus naturel que cet attachement parmi tant d’autres ! D’où tous les fantasmes.

La réincarnation, arrivée  plus tardivement chez les occidentaux semble apporter un réconfort au désir d’attachement. Mais évidemment cette philosophie ne” garantit “pas la continuité de l’individu-pensant s’incarnant dans un autre corps. Hypothèse rassurante donc mais tout aussi surprenante à mes yeux.

Je vois donc ce que je vois.La vie éternelle de l’humanité existe- jusqu’à ce qu’elle disparaisse totalement de la planète. Elle habite tous les individus qui en ont une part. La mort d’un individu ne met pas en péril la vie éternelle de l’humanité entière. Le renouvellement est permanent. Nous allons donc de conscience d’exister en conscience d’exister. Une vie à tel endroit avec telles perspectives, une autre vie à tel autre endroit avec d’autres perspectives et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Evidemment, dans cette distribution de cartes au hasard nous ne savons pas où nous atterrirons à chaque fois. Mais nous souvenons-nous d’où nous venons à notre naissance ? Nous avons accepté cette naissance, cette famille, ce contexte comme s’il avait toujours existé. Et même si parfois on avait voulu naître ailleurs ou être quelqu’un d’autre cela n’a pas été possible !

La mort ne doit pas nous effrayer, elle n’est que passagère et ouvre la voie vers une autre vie sans lien avec la précédente. Nous sommes donc condamnés à supporter la vie indéfiniment. Pour cette raison que je fais mienne, il est nécessaire autant que faire se peut de la rendre la plus agréable, la plus positive possible. Ces successions infinies de conscience-d’être se moquent éperdument des souffrances que nous nous infligeons en notre vie présente en vue d’une vie autre meilleure. Une vie autre dans un autre univers dans un lieu perdu au milieu des nuages ? La nature est bien faite, il n’y a pas de mystère quant à notre présence, n’allons pas chercher là où il n’y a rien à trouver !

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