MOTS
MAUX
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Le bruit des bottes s’entend au loin. Mirage pour les uns,
spectre pour les autres. Leçon de danse pour tous . C’est la
Polka du pas de l’Oie
Je me souviens…Gide revient de l’URSS et clame sa déception. Malraux, la
plume en bataille, lutte pour l’Espagne ;Aragon termine " Les Beaux Quartiers "
et Bernanos, Le Journal d’un Curé de Campagne " Je n’oublie pas ton écrivain
préféré :Saint Exupéry. Cet idéaliste aux yeux étoilés parle d’une "Terre des
Hommes ".
Les philosophes tonnent, clament, s’élèvent véhémentement ; Expliquent,
contestent, refont le monde qui fuit s’éparpille s’effrite devant eux Monde
bulle, monde illusoire ; illusion de monde. Ils désirent tous et d’une même voix
un autre monde dans lequel, toi enfant de ce siècle, devrais pouvoir t’ébattre
non te battre mais,le Monde en effervescence tremble
Le monde littéraire découvre MEIN KAMPF Sacré Adolf ! Quel coup de pub !
Disent trop hâtivement les gens Il y a un malaise derrière ce livre, un "
Je-ne-sais-quoi " de déroutant qui chamboule, effraie. Mais, le monde inquiet
veut croire à la liberté chérie On fait semblant, on vit comme si. Pour se
donner belle contenance on fredonne " Froufrou "
Les gens biens vont au café concert; Les petites gens vont au café
bistrot
La peur s’installe. La perplexité du début cède le pas à l’angoisse L’auteur
de " Mein Kampf ; argus de malheur, s’agite, vocifère, menace de plus en plus et
gueule :
LIBERTE , HARMONIE , ORDRE
Il rugit, glapit " Les Peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes
et…c’est
l’ANSCHLUSS ;On scande :PEUPLE , SOL , RACE
Tayaut ! Tayaut ! Tayaut. Tombe la Pologne;Tayaut ! Tayaut ! Tayaut. Tombe
Dantzig;Tayaut ! Tayaut ! Tayaut. Tombent La Moravie, la Bohème
Mussolini légifère sur l’antisémitisme. Staline, pour avoir la Paix, signe un
pacte de non-agression avec Hitler
L’orage gronde dans les cœurs Des éclairs strient un ciel noir et y
écrivent
VENGEANCE !
Je fais silence, élague ici et là ma mémoire ; essaie d’alléger mon récit
mais, Comment taire la Rhénanie ? La France et Léon Blum ? L’Espagne torturée,
ensanglantée résiste
La Suisse, grelottante de peur, se serre autour du Général Guisan, Guillaume
Tell ressuscité.
Des clameurs dans les rues, des gémissements dans les foyers, la Suisse
pleure ses Genevois tombés ; assassinés par la garde nationale
MORTS POUR LA LIBERTE
Nonobstant ces héros; Avancent les chemises noires; Avancent les chemises
brunes; Avance l’ordre Nouveau; Avancent 124.OOO chômeurs; Avance, oui encore,
avance la misère issue de 30% de dévaluation
Quatre ans plus tard. (Demain ? Qui sait ?)
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A l’aube, quel bruit, quel appel m’a réveillée ? Je ne sais. Je me revois
debout tenant la clenche de la porte de ma chambre que je venais d’ouvrir Mots
incompréhensibles, Mes parents s’embrassent sur le palier. Des soldats allemands
les séparent Mon père, dévale les escaliers à coups de bottes, à coups de
crosse. Muselée par l’incompréhension de mes quatre ans, je n’ai pas peur. Nous
sommes en 1940. Le 18 mai. Mon père, ton oncle Georges, est prisonnier de
guerre. Il reviendra cinq ans plus tard.
C’est la Guerre, la Grande Guerre
Extrait du " Bruit des bottes " de a.colon
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Commentaires
Bonjour Claudine,
Dans mon village, j'ai très bien connu une dame qui est revenue dans le même état que ton père : nous étions très liés mes parents, elle, son mari et moi. Elle nous a raconté des vécus atroces. Nous étions devenus amis alors qu'elle ne se liait pratiquement avec personne.
Et dire qu'il y a des négationnistes osant affirmer que c'est pure invention !!
Mais, comme tu le dis, il a fallu apprendre le pardon. L'histoire est terrible en effet. Malheureusement elle continue et les leçons du passé ne semblent pas servir à grand'chose. Hélas.
Je vais faire un tour sur ton blog. A bientôt.
Bonjour Rolande certes nous sommes en pays de connaissance mon père a été prisonnier de guerre 5 ans aussi Heu c'est moé qui a écrit cette petite chose....Je m'appelle André snf snif snif...
Je reste au plaisir de vous lire
Bonjour Claude,
Le bruit des bottes, çà me connaît. Née en 1931, donc un rien plus vieille ! Père prisonnier de guerre - 5 ans sans lui - l'un de ses cousins tué pendant la campagne des 18 jours - un cousin de ma mère, grand résistant, décapité par les Allemands au camp de Wolfenbuttel, bref, une famille de "résistants".
Merci pour vos écrits : ils me touchent beaucoup. Nous sommes en pays de connaissance. A bientôt j'espère.
Tout le plaisir sera pour moi
Merci à vous et très bonne fin de journée
Amicalement
Marie-Ange
http://lunessences.unblog.fr/
j'ai perdu votre message sic... J'aime beaucoup vos photos moi qui suis une véritable aveugle
Ecrire longtemps encore je ne sais j'ai 75 ans mais ce fut ce qui me permit de vivre et de passer les temps...
Je fus à la Sabam longtemps et à la Maison des Ecrivains mais jamais publiée il faut dire que de ce temps là il n'y avait pas internet et entre le boulot et les cours du soir restait peu de temps et surtout peu d'argent pour dépenser à ma lubie comme disait ma maman...
Je retournerai sur votre blog car il me faut prendre le temps de lire vraiment mais vous êtes douée aussi
au plaisir de nos échanges
Je n'ai connu qu'en récit par mes parents et en regardant les films !
Instructifs vraiment !
J'aimerai écrire comme vous !
Sincèrement
Marie-Ange