À la mémoire de mon oncle, Judas Siksou
On l'appelait Léon, et je ne sais pourquoi,
J’ai entendu son nom murmuré près de moi,
Alors que je lisais, peut-être un peu distraite,
Sur mon petit écran, des pensées de poètes.
Est-ce le mot «perdu», rencontré par hasard,
Qui a fait resurgir d’un bien épais brouillard,
Ce nom, que j’entendais souvent, dans ma jeunesse,
Quand mon père et mon oncle accueillaient la tristesse?
À voix basse, parfois, ils évoquaient l’enfer,
Le feu inévitable et la mort par le fer.
Ils y étaient au coeur, eux et Léon, leur frère,
Enfoui sous leurs yeux sans aucune prière.
C’était l’aîné des trois. Revenus de la guerre,
Ils surent conserver leur histoire et se taire,
Léon avait été déclaré disparu.
Ses parents le disaient vivant, y avaient cru.
Un jugement mit fin à leur chère espérance.
Il déclara Judas soldat mort pour la France.
Je n'oublie pas cet oncle dont sans cesse parlait,
Le coeur empli d'amour ma grand-mère Lalée.
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