Assis par terre, j'attends dans ce trou de misère que l'on vienne me chercher.
Il n'y a pas si longtemps, j'étais à l'aéroport et je prenais un billet pour rejoindre mes amis. Ceux-ci sont membres d'une ONG et travaillent en Afrique. J'ai toujours voulu aller en Afrique et l'occasion s'est présentée.
Je suis parti. Je n'ai pas pris de valises, juste un sac à dos.
Mon ami Pol m'attend dans le hall d’arrivée et m’accueille avec un sourire de satisfaction. Direction l'ONG, une voiture nous attend et nous partons. Les routes se suivent et changent au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans cette région désertique. Les pistes sont longues et le paysage est à perte de vue. J'aperçois au loin des arbres malingres et des végétations sauvages qui font le décor grandiose de cette savane. Arrivés au camp de base, des tentes nous attendent et le cuisinier nous offre un repas sommaire et néanmoins bon. Ma tente se trouve un peu à l'écart et après toutes ces heures de route, je m'étends et dors.
Pol est médecin, il s’occupe de la population qui accepte de se faire aider. Tout se soigne avec peu de moyen et c’est souvent contrarié que je le retrouve le soir au repas. Le cuisinier est un ancien détenu qui a coupé les ponts avec ce que l’on appelle la civilisation pour vivre ici avec ceux qui n’ont rien ou si peu. Chacun peut compter sur lui. Grand, fort, c’est un rempart contre la déprime.
Je m’occupe et j’ai amené mon appareil photos. J’arrive à m’isoler qq fois dans des endroits magnifiques, où la solennité des lieux me donne à réfléchir. J’attends le lever du soleil ou son coucher et j’écoute le bruit du silence. Parfois une chèvre squelettique, échappée de son enclos, s’approche, curieuse, et me regarde étonnée.
Un jour, fatigué, allongé à même le sol, je m’endors. Un bruit sec me réveille et me ramène en qq secondes à la réalité. Me voici prit comme un rat, chahuté et bousculé par des hommes d’arme peu reluisant et déterminés à me faire voir la vie d’une autre façon. Je serai une monnaie d’échange pour la croisade qu’ils mènent. J’ai juste le temps de ramasser mon sac et me voici parti, enchaîné à travers ces contrées devenues subitement inhospitalières.
Après des heures de marche, un camp, dissimulé entre des vieux troncs d’arbres séculaires et des rochers, donne enfin un peu d’ombre. Un trou à même la pierre sera mon cachot fermé par un assemblage de grillage. Posté devant ce trou, un homme monte la garde.
Je ne réalise par encore ce qu’il se passe réellement et reste prostré, assis par terre. Mes pieds meurtris, mon dos baigné de sueur et une soif qui ne me quitte plus. En qq secondes, défile ma vie et les souvenirs se bousculent dans ma tête. Me voici réellement prisonnier. Moi qui ai toujours vécu de songes et d’illusions, la réalité vient de me faire un coup bas et me met ainsi face à ma vie, ma réalité.
Allongé sur cette terre lointaine où les bruits résonnent comme des coups, face à moi-même, je ne sais plus quoi penser si ce n’est « sauver ma peau»
Prisonnier d’une bande de guerriers d’un autre temps, me voilà démuni et seul dans cette fournaise. Tout afflue dans ma tête, ma vie, mes amis de l’ONG. Je revois mon père, ma mère, mon besoin de liberté, mes rêves de voyages, mes envies, mon amour déçu, ma décision de partir, ma belle assurance d’avoir fait le bon choix. Et maintenant, derrière ces grilles, ma peur, mon effroi, mes désillusions, mes déceptions, mes frayeurs d’être perdu à jamais, mort et abandonné.
Muré, prisonnier dans ce coin de misère, l’esprit rétablit vite les vérités. A cette heure, couché et affaibli par ma détention, il ne me reste plus qu’à mourir dignement. Le geôlier n’est pas bavard et ne me laisse pas beaucoup d’espoir.
Après des jours d’enfermement, un pic up arrive et me charge pour une destination inconnue. Avalant la poussière, je n’ai plus qu’un souhait, m’échapper, me libérer de ce statut de prisonnier qui m’étouffe. Un méchant soubresaut et me voilà projeté hors du véhicule, la face contre terre, le nez en sang et libre de courir le plus loin possible de ces geôliers afin de leur échapper. Un trou providentiel où je bascule et reste caché jusqu’à la tombée de la nuit. De nouveau libre, blessé, je me lève et poursuis mon chemin espérant rencontrer quelqu’un ou un éventuel point d’eau.
Quelques jours plus tard, je me réveille, drogué, allongé sur un lit. Ramassé par des voyageurs et conduit dans un dispensaire, j’ai été soigné par un médecin local.
J’attends l’avion qui me ramène chez moi, mes rêves de voyages un peu écornés, avec le sentiment d’avoir vécu un moment fort de ma vie. Riche de ma nouvelle expérience, j’ai plein de nouveaux projets, et celui avant de partir d’aller remercier ce médecin qui m’a sauvé.
JGobert
Commentaires
Etre privé de liberté est toujours un drame et fait souvent beaucoup de dégâts. Plus que le corps, l'esprit doit s'exprimer librement pour dénoncer tous les abus. Merci de ton passage Rolande.
Amitiés Josette
Heureusement pour ce voyageur d'avoir rencontré un "Bon Samaritain" sur sa route aventureuse.
Et que son histoire finit bien .... puisqu'il est tout prêt à recommencer.
Ceci ne m'empêche pas de penser à tous ceux qui, en ce moment, attendent leur délivrance ....
Ayant vécu personnellement ce genre d'aventure par personne interposée, j'ai connu - oh combien - la terrible souffrance des proches dans l'attente d'une délivrance improbable.
Merci pour cette nouvelle. Bisous. Rolande
Merci Nadine de ton commentaire. Il est exact que plus de descriptions des lieux manquent un peu. Pour ce qui est des sentiments du personnage, je n’ai pas voulu en mettre trop pour ne pas tomber dans le drame, dans la noirceur…
Amicalement
Josette
Merci Adyne de ton passage. L'aventure c'est l'aventure et avec des surprises...
Amicalement
Josette
Merci de ton passage Marie-Josèphe et de ton commentaire
Josette
Mauvaise surprise pour cet aventurier! Mais fin heureuse !
Merci Josette pour ce partage.
Amicalement.
Adyne
un bon début, mais ne gagnerais tu pas à décrire plus amplement les paysages que tu imagines en utilisant la technique de la caméra ? De même ton texte pourrait il être plus étoffé en osant explorer tes propres sentiments en décrivant plus amplement les émotions ressenties par ton personnage; j'imagine qu'en pareilles circonstances, une foultitude de pensées doivent nous passer par la tête, il faut rentrer dans la peau de ses personnages s .....l'écriture est un grand pas vers soi et il faut lui accorder autant de temps qu'à soi même, lui accorder beaucoup d'attentions et de temps .....si non je ne m'attendais pas du tout à cela en lisant ton titre bonne continuation....... avec plus de détails et de descriptions pour ma part .............merci de ta confiance
tout est bien qui finit bien ! ouf rassurée pour toi !