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MON BOUT DU MONDE

"Le bout du monde et le fond du jardin
contiennent la même quantité de merveilles."

C Bobin

 

Beaucoup s’en étonnent, certains pensent que j’ai oublié de vivre.

J’ai pourtant été grande voyageuse. Mais vu que nous avions peu de moyens et des animaux, nous n’avons pas souvent quitté le pays.

Dans cette société de profit, de clinquant et de poudre aux yeux, il est de bon ton de parler de lointaines contrées et de s’approprier l’autochtone comme si on était encore en période coloniale.

Il fallait entendre, lors de nos pauses, à la rentrée, les conversations sur les effets de la cuisine thaïe expérimentée sur place, les cloques aux pieds sur les sentiers de montagne, les estomacs ulcérés à cause de mets mexicains, les coups de soleil attrapés au bord de la piscine en Egypte, les comparaisons entre tous les clubs Med du monde entier… Pas grand-chose sur les conditions de vie des habitants de l’endroit, sur la beauté d’un visage, sur une rencontre extraordinaire…Finalement, j’en apprenais plus en regardant un reportage de Nicolas Hulot.

Peu de monde me demandait, connaissant ma situation pécuniaire, si j’avais passé d’agréables vacances… Et pourtant, je n’avais pas arrêté de voyager… J’étais partie en croisière sur le Canal du Centre, pris l’ascenseur à bateaux de Strépy, visité toutes les grottes, dégusté sur place toutes les bières d’abbayes, la plupart des châteaux, quelques brasseries typiques, des musées, des villages antiques reconstitués, les plus belles contrées de notre beau pays. Nous ne partions pas en conquérants mais allions à la rencontre des gens du cru qui avaient toujours quelque belle histoire à raconter. Nous écoutions parler les sources, les arbres, les plantes… Immanquablement un petit animal curieux nous rendait visite… Le bonheur à portée de main. Et nous rentrions dormir dans notre lit.

Je ne voyage plus, je n’en éprouve pas le besoin… Les paysages sont restés intacts dans mon esprit. Avec mon espace en double : la place de mon compagnon de vie et la mienne accolées pour s’imprégner de la même vision, des mêmes sensations… Seule, j’ai dû me réapproprier cet espace… J’ai revu peu de choses depuis son décès, elles n’avaient plus la même saveur, le même aspect… ne me rassuraient plus. Alors, j’ai limité mes sorties et j’ai commencé à voyager en rêve… Me suis inventée une forêt où me réfugier quand il faisait sombre dans ma vie. Sa magie m’a permis de tenir debout… Une période transitoire dans une vie sans amour.

Il me faut maintenant découvrir les merveilles du monde qui m’entoure, celles qui me permettront de faire un pas en avant. D’oser prendre une autre main et faire un bout de chemin…

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Commentaires

  • Merci Jo, ton gentil com me touche énormément

    Un gros bisou

  • C'est très bien écrit, avec sobriété, simplicité et émotion. Une revendication paisible du droit à la différence. C'est pourtant vrai qu'on peut découvrir davantage et bien plus en profondeur en se donnant le temps d'apprécier tout ce qui se présente plutôt qu'en suivant au pas de courses les chemins balisés par les agences de tourismes.

    J'ai été émue en lisant ce court récit de vie.

  • Merci Léopold

  • J'aime beaucoup ce que vous écrivez ici. Peu de gens ont encore la capacité de voir de cette manière autour d'eux.

    Bonne chance pour "l'autre main"...

    Amicalement.

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