Dans la maison, de l’autre côté du carré, qui a le charme d’un petit palais de province ou les princes ont cessé de venir, un lustre est resté accroché au plafond du balcon.
Sous ce climat chaud, ou les chemises et les robes collent à la peau, parfois avec bonheur, seul paysage étonnant de beauté dans la ruine envahissante, il y a dans ces demeures délabrées mais encore habitées par des familles venues des villages de brousse, quelque chose qui s’apparente à la dignité perdue. Comme si les murs lépreux et couverts de poussière, détruits par endroits, tentaient de maintenir les apparences, à l’égal des clochards vêtus d’un smoking. Est-ce l’homme qui ne porte pas le bon habit ou l’habit qui n’est pas sur le bon homme ?
Dans cette vieille maison, devant laquelle, retournées, une dizaine de calebasses expliquent en un coup d’œil qu’elles sont sous contrôle d’autant de femmes pour une centaine de marmots et de maris feignamment éffouarés, dans leurs fauteuils de nylon tressé, des cordes à linge où pendent des maillots de corps et des soutien-gorge au dessus de la terre sur laquelle dansent des centaines de sacs de plastique noir, tels des feux follets sans flamme. Je fais le tour du quartier. Le muezzin entame son appel à la prière, les sotrama amorcent leurs rondes polluantes, brinquebalants leurs carcasses dangereusement tremblantes parmi les vendeuses de beignets qui vont rejoindre leurs étals poussiéreux avec des bassines sur la tête, les yeux encore pleins de sommeil.
Commentaires
J'ai aimé lire ce texte mais ma préférence va aux deux autres.
Celle des jumeaux est prenante, et celle de la femme qui va se marier avec le gardien du cimetière m'ont beaucoup plus
Bravo et merci pour ces lectures agréables
Marie-Ange
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