Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Mallarmé l'obscur

« Mallarmé l’obscur » est un essai de l'écrivain français Charles Mauron (1899-1966), publié en 1941. Charles Mauron s'était fait apprécier des mallarméens par les commentaires ingénieux et pénétrants dont il accompagnera, vers 1932, la traduction anglaise que Roger Fry donna des poèmes de Mallarmé. Ces mêmes "gloses" mais reprises, éclairées, précisées à nouveau par une étude d'ensemble forment la base de ce volume, qui est une nouvelle tentative d'exégèse de Mallarmé. "Je considère, précise Mauron, l'esthétique de Mallarmé comme un des sujets les plus actuels qui puissent s'offrir à notre méditation: le problème des rapports entre l'art et la vie, c'est-à-dire, en somme, entre les valeurs spirituelles et les réalités temporelles s'y réfléchit comme dans un miroir concave." S'exprimant dans un langage de tous les jours, parce que ce sujet de méditation s'est offert à lui tous les jours pendant de longues années, Mauron part de l'idée que nulle ingéniosité ne parviendra à "expliquer" un poème de Mallarmé si on le limite à lui seul, si on ne le plonge pas dans le bain "d'obscurité mallarméenne", c'est-à-dire que l'explication d'un poème de Mallarmé ne doit être tentée que par rapport à tous ses autres poèmes, la première nécessité étant de recomposer le lexique métaphorique du poète. Ainsi se dégage ce que Mauron nomme "les métaphores obsédantes", ces enchaînements singuliers, "l'entrelacs de relations" qui compose un univers spirituel. Ainsi de la métaphore "chevelure-soleil-mort", la plus obsédante de toutes, comme le démontre notamment l'analyse du sonnet "Victorieusement fui le suicide beau". La première partie du livre renferme des pages excellentes sur la nature et les divers aspects de l' obscurité: obscurité du chaos et obscurité de l' étrange; sur l'ambiguïté essentielle de la métaphore, sur la technique picturale propre au style de Mallarmé, sur l'obsession des absences dans son oeuvre. Le chapitre consacré à des exemples de "métaphores obsédantes" est particulièrement riche en remarques précieuses: la constance des liaisons "fleur, azur, enfance", ou "ange, aile, instrument ancien", par exemple, éclaire vivement une succession de poèmes différents et en montre les relations insoupçonnées. La seconde partie est plus proprement explicative: ce mélange de gravité et de sourire, de désespoir et de sens comique, qui est propre à Mallarmé, réclame une pareille diversité d'humeur de la part de celui qui étudie son oeuvre. L'étude de Charles Mauron est ici menée avec une patience fervente et une convaincante modestie. Il y a peu d'endroits où l'on se sente porté à contredire son exégèse.

Publié en 1964, l'essai "Mallarmé par lui-même" condense les résultats d'une enquête prolongée et assidue. Le critique suit Mallarmé dans sa vie, mais sans jamais séparer celle-ci de ses préoccupations profondes, et il s'efforce de déceler, à travers chacune de ses pages, sont état d'esprit du moment. Des précisions fort utiles sont apportées sur les crises qu'à traversées le poète; enfin un chapitre final étudie les constantes du poète et indique comme vertu principale une limpidité de Mallarmé définie comme la présence de l'objet et la justesse du ton choisi. L'anthologie qui suit l'étude, à côté de morceaux connus, recueille des écrits d'enfance, des morceaux de prose, des extraits de la correspondance.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles