Quand la lumière telle un coup d’épée
Transperce la campagne tôt hébétée,
Et que la cime de l’horizon en frémit,
Tout renaît lentement du sommeil de la nuit.

L’ardent rayon éveille la feuille engourdie,
Chatouille le bourgeon paresseux qui se dore,
Pourfend la rosée qu’il irise et colore,
Déloge l’araignée dans sa toile tapie.

Tournée vers lui, la violette s’étire et rit.
Un pic-vert, sabre au clair, tout là-haut, joue du marteau ;
Scande en cadence le toc-toc du gai bal des oiseaux.
La fougère sauvage, elle, lui tisse son tapis.

Encore pâle du matin, la lumière nous surprend
Telle l’estocade qu’on sait et que chacun attend.
Entre deux nuages gris mais voilà qu’elle nous inonde
D’un simple fil tendu au bonheur de tout ce monde !