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Beaucoup d’émotions au Public pour « Love letters », la correspondance poignante entre une femme et un homme que tout va séparer - enfin pas totalement - car ils vont s’écrire leur vie durant et partager à distance frustrations et joies de l’existence.
Finaliste pour le prix Pulitzer de théâtre, la pièce du romancier américain Albert Ramsdell Gurney a fait le tour du monde, suscitant partout le même enthousiasme.
Tout commence par une invitation à l’anniversaire de la riche petite Mélissa Gardner à laquelle son camarade de classe Andy (Andrew Ladd Makepeace) répond solennellement. Ce sera le début d’un échange épistolaire passionné et irrépressible qui va durer jusqu’à la mort de Mélissa.
Nous sommes dans l’Amérique des années 30, Andy et Mélissa sont issus de milieux différents, ils seront rapidement séparés, envoyés dans des établissements scolaires lointains. Mais l’espiègle Mélissa sait déjouer les obstacles. Par son audace et son franc parler, elle parviendra à sortir Andy de sa coquille. Cartes postales, reproches griffonnées, prises de bec, réconciliations, appels à l’aide, dessins, souvenirs nostalgiques, c’est leur quotidien qu’ils partagent comme le ferait un couple séparé.
Pris dans le tourbillon de la vie, ils construiront cependant leur existence chacun de leur côté, tout en restant accros à cette complicité unique issue de l’enfance.
La mise en scène, voulue par l’auteur, présente Mélissa et Andy assis côte à côte lisant ou écrivant les billets échangés avec la fraîcheur de l’instant vécu. On comprend rapidement le drame de Mélissa, son manque de repères familiaux, le réconfort dans la consommation d’alcool et sa descente aux enfers sans aucune dramatisation, forte de son appétit de vivre. On devine aussi son espoir d’une déclaration de la part d’Andy, beaucoup trop pusillanime, formaté pour une vie sans histoires, préoccupé par son ascension sociale.
Un texte tout en finesse et pudeur avec un dénouement inespéré quand Andy réalise qu’il est passé à côté de lui-même, effrayé par ses propres fantômes, alors que Mélissa les étalait au grand jour.
Une interprétation magistrale par Patricia Ide et Michel Kacenelenbogen, submergés par l’intensité des non-dits.
À voir absolument.
Palmina Di Meo
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