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administrateur théâtres

Lettre d'une inconnue

De Stefan Zweig, avec Nathalie Stas.

Le drame intégral: « Tu ne m’as jamais reconnue! » Un message qui à force, va tuer cette belle inconnue car il lui manque le souffle conjoint de l’autre pour respirer, elle ne respire qu’à demi. Et pourtant le feu des regards se rencontrait, mais pas l’intelligence. Au cours de leurs quelques rencontres, l’amant passionné mais distrait, futile et ébloui à chaque femme sublime, ne la reconnaît jamais et il ne garde aucun souvenir. Il ne saura jamais qu’elle l’aime passionnément depuis l’âge de 13 ans, avec le mystère de l’adoration totale. Tragédie de l’amour : cécité et aveuglement conjugués. Privée de figure paternelle, à l’âge de l’absolu, elle a concentré sur cet écrivain rencontré au seuil de l’adolescence, toutes les cristallisations de son désir de femme et d’enfant. Un amour caché d’enfant, est plus fort encore que celui d’une femme.

Nathalie Stas en corsage et pantalons de dentelles pudiquement recouverts d’un peignoir de soie blanche, sa longue crinière sombre frôlant les chandeliers qui font encore croire à la vie, le visage défait, mais la vénération de son amant fichée dans les yeux, achève de lui écrire une lettre, plutôt une longue confession d’amour. Les reproches y sont presqu’absents tant son amour est vaste. Elle lui avoue leur enfant caché, mais il vient de mourir, à trois ans. Elle lui a caché son existence, s’épargnant une nouvelle non-reconnaissance, et se ménageant un seul espoir de vie, la trace vivante de leur amour… « Cet enfant, il était tout pour moi : il venait de toi ; c’était encore toi, non plus l’être heureux et insouciant que tu étais et que je pouvais retenir, mais toi pour toujours, pensais-je, m’appartenant, emprisonné dans mon corps, lié à ma vie… » Si l’enfant meurt, elle ne peut survivre.

Né du désespoir, ce texte est d’une finesse exquise, la description de cet amour fantasmé et malheureux y est analysé jusqu’au moindre frisson. Les joies et les extases alternent avec la douleur profonde, nous sommes au cœur d’un mystère intime, d’une symphonie déchirante et romantique. Lorsque l’écrivain lira enfin la longue missive, elle sera déjà de l’autre côté du miroir : « Son regard tomba alors sur le vase bleu qui se trouvait devant lui sur sa table de travail. Il était vide, vide pour la première fois au jour de son anniversaire. Il eut un tressaillement de frayeur. Ce fut pour lui comme si, soudain, une porte invisible s’était ouverte et qu’un courant d’air glacé, sorti de l’autre monde, avait pénétré dans la quiétude de sa chambre. Il sentit que quelqu’un venait de mourir ; il sentit qu’il y avait eu là un immortel amour : au plus profond de son âme, quelque chose s’épanouit, et il pensa à l’amante invisible aussi immatériellement et aussi passionnément qu’à une musique lointaine ».

Nathalie Stas incarne un théâtre de pure émotion, la mobilité de son visage est telle qu’elle annonce presque le texte qui lui passe par le corps. Sa voix épouse le trouble et la volupté, tremble l’indicible, révèle la profondeur du sentiment, galope dans l’azur du bonheur éphémère. Sa féminité absolue et sa beauté brune sous-tendent le texte à merveilles. Elle empêche presque le public de respirer… à moins qu’on ne se sente soudainement mal, tant le duo du texte et comédienne est intense et poignant.

XL Théâtre - Théâtre du Grand Midi Tél. : 02-513.21.78

http://www.xltheatredugrandmidi.be rue Goffart 7 1050 Ixelles

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