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12272835074?profile=original"Les vrilles de la vigne" est recueil de textes de Sidonie-Gabrielle Colette, dite Colette (1873-1954), publiés en revue pour la plupart, et recueillis en volume sous ce titre à Paris aux Éditions de la Vie parisienne en 1908; réédition définitive chez Ferenczi en 1934.

 

Entre contes métaphoriques et poèmes en prose, les pièces qui composent les Vrilles de la vigne inaugurent cette veine du texte bref, si foisonnante et originale dans l'oeuvre de Colette. Comme dans nombre de ses ouvrages, l'écriture se nourrit de l'expérience vécue - Colette s'est séparée de Willy et vit, à partir de janvier 1907, avec Missy, la fille du duc de Morny -, que l'imaginaire et la poésie viennent transformer et transcender.

 

Les Vrilles de la vigne comprennent vingt textes dont la disposition n'obéit pas à un ordre chronologique. L'organisation du recueil participe donc d'une architecture concertée. Les trois premiers textes («les Vrilles de la vigne», «Rêverie de Nouvel An» et «Chanson de la danseuse») sont des sortes de contes métaphoriques dans lesquels Colette évoque sa destinée, douloureuse et exaltante à la fois, de femme libre et solitaire. Les trois pièces suivantes («Nuit blanche», «Jour gris» et «le Dernier Feu»), adressées à Missy, célèbrent la douceur du lien avec la compagne et rappellent, sur un ton empreint de nostalgie, les souvenirs d'une enfance aux allures de paradis perdu. D'autres pièces s'apparentent à des fables: la description du comportement des animaux familiers, chers à Colette et souvent présents dans son oeuvre, invite à une méditation sur les relations humaines («Amours», «Nonoche», «Toby-Chien parle», «Dialogue de bêtes»). Le personnage de Valentine, dont Colette brosse le portrait à travers dialogues et anecdotes («Belles-de-jour», «De quoi est-ce qu'on a l'air», «la Guérison»), fournit matière à diverses réflexions sur les amours et la destinée des femmes. Les trois dernières pièces apparaissent comme des croquis pris sur le vif de paysages marins («En baie de Somme», «Partie de pêche») ou de l'univers du spectacle («Music-halls»).

 

Au-delà d'une grande variété apparente, le recueil trouve son unité dans une quête de l'identité qui est au coeur de presque tous les textes. Après la désillusion du premier amour et du mariage, Colette, tout comme le rossignol emprisonné dans les vrilles de la vigne, a su s'affranchir de ses liens: «Cassantes, tenaces, les vrilles d'une vigne amère m'avaient liée, tandis que dans mon printemps je dormais d'un somme heureux et sans défiance. Mais j'ai rompu, d'un sursaut effrayé, tous ces fils tors qui déjà tenaient à ma chair, et j'ai fui...» («les Vrilles de la vigne»). L'écrivain cherche aussi à se libérer de sa première expérience littéraire, c'est-à-dire du personnage de Claudine (voir Claudine à l'école), ce double mythique d'elle-même avec qui elle ne veut plus être confondue. Ce renoncement, pour être revendiqué, n'en est pas moins douloureux et nostalgique: entre l'idéale Claudine et la superficielle Valentine, que la narratrice traite avec une affectueuse condescendance, Colette cherche son identité de simple femme.

 

L'écriture relate et nourrit tout à la fois cet apprentissage de soi. Relevant aussi bien de la confidence intime que de l'essai moral, le texte est médiateur d'une conquête apaisante de la sagesse: «Il faut vieillir. Ne pleure pas, ne joue pas des doigts suppliants, ne te révolte pas: il faut vieillir. Répète-toi cette parole, non comme un cri de désespoir, mais comme le rappel d'un départ nécessaire...» («Rêverie de Nouvel An»). Le propos, toutefois, demeure simple et modeste. Cette oeuvre, dans laquelle l'écrivain sait mêler la mélancolie et l'humour, l'anecdote et la méditation, est riche de cette verve pittoresque et attachante dont Colette a déjà le secret.

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Commentaires

  • Merci monsieur Robert Paul pour cette belle re-découverte et re-lecture que me permettent agréablement votre regard et votre analyse de la grande Colette, j'apprends personnellement beaucoup en vous lisant et j'ai même retenu des phrases dont je fairais de belles et éternelles citations dont celle-ci:

    "L'écriture se nourrit de l'expérience vécue, que l'imaginaire et la poésie viennent transformer et transcender."

  • Il était une fois le verbe unique d'une plume libertaire vagabonde éprise comme personne de naturalisme, dotée d'une stylistique inimitable !

    Que de touchantes confidences de notre adorée Faunesse de Saint Sauveur en Puisaye...

  • administrateur théâtres

    Découverte!

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