LES VOIES DU SURREALISME : L’ŒUVRE DE MAX PARISOT
Du 05-10 au 25-11-2018, l’ESPACE ART GALLERY (83, Rue de Laeken, 1000 Bruxelles) a consacré une exposition au peintre français, Monsieur MAX PARISOT, intitulée : EQUILIBRE FINAL.
Nous nous situons, avec MAX PARISOT à la charnière entre surréalisme et esthétique numérique. Onirisme surréaliste et cinétisme numérique s’entrecroisent pour former un Tout paisible, annonçant déjà un premier équilibre, essentiellement stylistique. Vient ensuite un deuxième équilibre, strictement sémantique. L’œil parcourant le lexique pictural apprivoise l’univers de l’artiste, essentiellement composé de personnages tels que l’arbre, la lune et la mer.
L’arbre peut se présenter squelettique, comme dans VUE DE LA FENETRE D’UN TRAIN (65 x 95 cm).
A’ travers une coupe radiographique évoquant l’intérieur d’une cage thoracique humaine, proposée dans POUMONS (60 x 85 cm).
Sous la forme d’une composition cinétique blanchie par la neige à l’instar de PAYSAGE DE NEIGE AVEC LUNE (45 x 65 cm).
La lune a pour constante d’être pleine et radieuse.
SORTIR (60 x 85 cm).
Malgré l'atmosphère nocturne, elle revêt totalement son rôle d'astre, tellement sa présence est solaire. Quant à la mer, elle apparaît toujours calme pour ne pas dire immobile, sur laquelle tout ce qui s'y aventure est comme retenu en suspension. Cette oeuvre est une invitation au voyage. Une vague, d'un bleu "magrittien" déferle, à partir d'une zone obscure, renforcée en puissance dans le haut par le noir intense, vers une mer calme que l'écume engendrée par l'ivresse du bateau rend agitée. Cette vue à partir de la vague originelle est une métaphore de l'Homme qui veut sortir de sa condition pour toucher l'Absolu. Cette image porte en elle le mysticisme surréaliste. Un mysticisme axé sur l'introspection. Avec son univers filandreux, POUMONS (cité plus haut) pourrait, à l'extrême limite, être interprété comme une radioscopie de l'âme.
La naissance de tout équilibre est garantie par le calme. Dans VUE (cité plus haut), la garantie de cet équilibre est assurée par la silhouette impassible et frêle du moine bouddhiste se profilant au loin sur la ligne d’horizon, vers la gauche de la toile. Cette œuvre est remarquable à plus d’un titre. Premièrement, elle distille un fabuleux trompe-l’œil par le fait que le cadrage de la scène se réalise, non pas à partir de l’arbre, lequel se trouverait à l’avant-plan mais bien par la présence matérielle de la fenêtre métallique, faisant office d’écran, à partir duquel l’image est, pour ainsi dire, projetée. Une autre métaphore de la présence du calme est suggérée par la nature profonde du chromatisme usité par l’artiste. Même conçus de brun vif (en dégradés), les nuages brûlés par le crépuscule, conservent une attitude de recueillement ne prêtant jamais à une narration dramatique.
nous transporte dans un monde inconnu, en ce sens que nous ne savons plus où nous sommes. Le premier plan, constitué par les fleurs rouges (des coquelicots) nous conduit vers un espace aquatique buriné par des ondulations aux tonalités bleu et vert que la lumière dorée du soleil, conçue en filigrane, a rendu brillantes comme les reflets d’un miroir.
CHAPELLE SOUS LA LUNE (80 x 120 cm)
est une invocation à la nuit. A’ partir d’un paysage hivernal, la chapelle, traitée comme une ombre, avec sa masse architecturale sombre, surmontée d’une toiture noire, timidement illuminée par une lampe, se détache de l’arrière-plan nocturne pour acquérir son identité plastique et spirituelle propre. Aux deux extrémités de l’espace pictural, s’affirment deux formes : l’une figurative (sur la droite), l’autre abstraite (à l’avant-plan sur la gauche). La fonction du chromatisme consiste à appuyer la spécificité de ces formes. Le rouge vif indique qu’il s’agit d’une forme connue : celle d’un ensemble de fleurs (sur la droite). Tandis que le blanc à la consistance cinétique « électrise », en quelque sorte, l’idée de l’arbuste squelettique transi par l’hiver. Une opposition, à la fois symbolique et chromatique, s’installe dès lors entre le rouge de la vie (les fleurs) et le calme blanc de la mort augmentée par la conception serpentine du tronc de l’arbre.
Conception picturale d’un rapport entre la notion d’un paysage « classique » et l’utilisation du traitement digitaliste dans son expression graphique.
EQUILIBRE FINAL (60 x 85 cm)
synthétise tous les éléments évoqués dans l’œuvre de l’artiste, à savoir la mer, les rochers, le ciel, les nuages (ici menaçants), le bateau et la terre ferme. Un seul élément apparaît pour la première fois : la présence d’oiseaux toujours au nombre de huit, comme le montrent d’autres toiles sur lesquelles ils figurent, sans qu’il y ait (aux dires de l’artiste), la volonté d’une signification symbolique concernant le chiffre « huit ».
Mais ce qui frappe avant tout c’est l’image du mariage mystique entre deux mondes : celui du haut et celui du bas exprimé par ces quatre rochers, divisés en groupe de deux, dont l’un provenant du haut « atterrit » sur celui du bas.
MAX PARISOT est à la base d’un mouvement qui utilise le digitalisme dont le but est celui d’assurer à l’artiste une liberté sans limites dans ses moyens d’expression. Né en 1950 du travail commun de deux mathématiciens, l’américain Ben Laposky et l’allemand Manfred Frank, cette forme d’art essentiellement numérique, peut être élaborée à partir de la scansion des photos, prises individuellement. Ce qui permet d’effectuer des retouches. Et nous savons que l’artiste dispose de toute une collection de « stills » qu’il retravaille à sa guise. Depuis maintenant des années, l’ordinateur a fait son entrée à la fois dans la peinture ainsi que dans la musique. Que ce soit dans cette deuxième discipline comme dans la peinture, cette nouvelle technologie assure leur essence contemporaine à la fois dans leur dynamique comme dans leur esthétique. De plus, le stockage des images permet à l’artiste de les modifier indéfiniment, exprimant sa volonté de les recréer. Evoluant simultanément entre surréalisme et numérique, force est de constater que ces deux écritures sont consubstantielles l’une par rapport à l’autre. Son but est, comme il le dit lui-même, celui de créer un « choc » chez le visiteur dans sa révélation de la beauté. Conscient, comme tout véritable artiste, de la complexité de la condition humaine, il s’efforce par son œuvre à donner de la joie. Cette joie, l’artiste l’exprime avant tout par sa connaissance des couleurs, laquelle lui vient de son parcours professionnel lorsqu’il s’occupait de la fabrication de meubles au sein de son entreprise familiale. Son travail consistait à s’occuper des couleurs et des formes. Sa technique se focalise principalement dans l’assemblage de photos considérées comme les collages d’antan, sur base d’une technologie nouvelle.
Il travaille, comme spécifié plus haut, à partir de sa propre photothèque en détournant les sujets de leur propre contexte pour les aligner vers une autre réalité. Surréaliste avant tout, il révère Dali (cela se voit, notamment dans la CHAPELLE, cité plus haut : sujet « classique » plongé dans une nature qui le transcende) mais il est également très attiré par les Impressionnistes (comme le démontre sa conception chromatique concernant LE PRINTEMPS (cité plus haut) ainsi que par Picasso. A’ la question de savoir s’il compte poursuivre ce chemin, il répond par l’affirmative. MAX PARISOT est un artiste qui a trouvé sa voie dans la matérialisation d’une poétique savante, héritière d’une culture qui a façonné le siècle dernier, mise en exergue par la technologie du 21ème siècle, exprimée dans l’intemporalité naturellement humaine de son essence.
N.B. : Ce billet est publié à l'initiative exclusive de ROBERT PAUL, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.
Robert Paul, éditeur responsable.
A voir:
Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza
Photo de l'exposition consacrée à Max Parisot à l'ESPACE ART GALLERY
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L’artiste français Max Parisot a exposé ses œuvres dans la galerie en 2018. Et son billet d’art du critique d’art François Speranza sera publié dans le « Recueil n° 7 de 2018 » par « Les Éditions d’art EAG » dans la Collection « États d’âmes d’artistes » en 2021.
Lien vers la vidéo lors du vernissage de son exposition dans la galerie :
https://youtu.be/6OR9r1b4XBI