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Les littératures (part III); la littérature d'Albanie

Les racines de la littérature albanaise s'identifient aux sources de la culture catholique des Guègues, les Albanais du Nord. Les premiers mots imprimés de l'albanais se trouvent dans une formule de baptême transcrite en 1462 par l'archevêque de Durrës, Pal Engjëlli, dans un texte latin. Le premier ouvrage en albanais est le Missel publié à Rome en 1555 par le prélat de la région de Tivar, Gjon Buzuku. Suivirent au XVIIe siècle les oeuvres d'inspiration religieuse des évêques Pjetër Budi, Pjetër Bogdani et Frang Bardhi. Ces auteurs firent preuve d'un souci constant de défense de la langue albanaise menacée, dans le contexte de la domination ottomane, par de nombreux emprunts turcs.

Dans le cadre du processus d'islamisation qui aboutit à la conversion de 70p.100 de la population se développa, au XVIIIe siècle, un courant marqué par l'influence des cultures arabe, persane et turque. Nezim Frakulla, Sulejman Naibi, Hasan Zyko Kamberi et Mehmet Kyçyku écrivirent en albanais avec des caractères arabes des poésies mystiques et des poèmes d'amour.

La période du Réveil national s'étend de la première moitié du XIXe siècle jusqu'à 1912, date de l'indépendance. La littérature se mit au service du mouvement qui avait pour objectif d'éveiller la conscience nationale et d'obtenir l'émancipation. Les plus grands écrivains furent des Albanais expatriés bénéficiant de facilités d'impression à l'étranger.

La communauté albanaise émigrée depuis le XVe siècle en Italie du Sud et en Sicile, appelée arbëresh (de l'ancien nom national d'Arbëri), a apporté une contribution essentielle à la littérature. Celle-ci se développa au XIXe siècle sous la plume d'auteurs qui collectèrent la poésie orale. Le plus éminent, Jeronim de Rada (1814-1903), orthodoxe de Cosenza, publia à Naples en 1836 Les Chants de Milosao, inspirés de l'histoire albanaise du XVe siècle. Gavril Dara, Zef Serembe, Zef Schiro s'inscrivent dans le même courant littéraire inspiré du folklore.

Parmi les plus prestigieux écrivains de la diaspora figurent les frères Frashëri dont Naim, né dans la région tosque de Korçë (1846-1900), qui publia en 1886, à Istanbul Bucoliques et Géorgiques, poèmes célébrant les beautés de la nature albanaise, et, en 1898, une Histoire de Georges Castriote Scanderbeg, le héros national qui organisa la résistance contre les Turcs au XVe siècle et fut une source d'inspiration constante dans la littérature. Çajupi (1866-1930), émigré en Égypte, est connu pour son oeuvre lyrique, Le Père Romor, ses pièces de théâtre et ses traductions des fables de La Fontaine. Thimi Mitko (1920-1890) édita en Égypte un recueil de folklore, L'Abeille albanaise. Du Liban, lepoète Pashko Vasa (1825-1892) appela à l'union nationale dans la poésie Pauvre Albanie; Consacrée à la poésie patriotique, l'oeuvre d'Asdreni (1872-1947), de la diaspora albanaise de Roumanie, est d'une riche métrique. Faik Konica (1875-1943), grand essayiste et romancier, dirigea la revue Dielli (Le Soleil) des émigrés des États-Unis.

La littérature moderne d'après l'indépendance suivit la tradition d'une littérature militante tout en s'ouvrant aux influences étrangères. Fan Noli (1882-1965), prêtre orthodoxe émigré aux États-Unis, revint au pays et dirigea, en 1924, le premier gouvernement démocratique albanais. Il publia à Boston de nombreuses oeuvres à caractère politique inspirées de sujets bibliques, fut le pionnier de la critique littéraire et le traducteur en albanais de Shakespeare et Cervantes. Le jésuite Ndre Mjeda (1866-1937), linguiste et poète, composa un recueil de vers (Juvenilia) et le prêtre franciscain Gjergj Fishta (1871-1940) perpétra la tradition poétique guègue dans le chant épique Le Luth de la montagne. Migjeni (1911-1937), écrivain de Shkodër, apporta un souffle nouveau dans Vers libres, lamentations contre la misère du peuple albanais et l'injustice sociale.

Le réalisme socialiste apparut après la prise de pouvoir des communistes en 1945. Les auteurs non conformistes furent persécutés. Quelques écrivains émergent: le poète Llazar Siliqi, les romanciers Dritëro Agolli, Fatmir Gjata, Zihni Sako, Dhimitër Shuteriqi. Ismaïl Kadaré, né en 1936, est traduit dans le monde entier. Poète à l'origine, il connut la célébrité avec son premier roman, Le Général de l'armée morte, suivi de nombreux romans, dont Chronique de la ville de pierre, son autre chef-d'oeuvre. Kadaré se situa tantôt dans la subversion, tantôt dans le soutien de l'appareil du parti: Le Grand Hiver ou La Niche de la honte ne sont pas des romans historiques, mais des oeuvres allégoriques où il manie le grotesque pour critiquer le système politique. En 1990, Kadaré fit le choix d'émigrer en France.

Parmi les écrivains exilés sous la dictature d'Enver Hodja figurent deux universitaires et grands poètes. Martin Camaj a publié de nombreux recueils de poèmes dont Dranja (1981), suite de madrigaux en prose. Il témoigne de sa fidélité aux coutumes ancestrales des Guègues, comme Arshi Pipa, fondateur de la revue Albanica (New York), qui composé des chants épiques et le Livre de prison, poésies écrites dans le secret au cours de ses dix années dans les prisons staliniennes.

La littérature des Albanais de Yougoslavie (Kosovo) est de création récente, consacrée à la poésie et aux motifs d'inspiration nationale: Enver Gjergjeku, Muhamet Kërveshi; au roman: Tajar Halibi, Ramiz Kelmeti; aux nouvelles: Rexhep Qosja; au théâtre: Josip Rela.

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