Le voleur
Pas plus haute que trois pommes,
J’étais fière de marcher en avant.
Nous ne nous rendions pas à Rome,
Chez une vieille tante seulement.
Tenant la valise dans une main,
De l’autre, elle tirait ma petite sœur.
Nous poursuivions ce long chemin
Que nous connaissions par cœur.
Mon père assis sur sa machine
Parcourait seul les kilomètres.
Ma mère en faisait toute une tartine
Que j’avalais mètre après mètre.
Arrivée face à la rue à traverser,
Fière de prendre seule l’initiative,
À droite, à gauche puis à droite, bien regarder
Pour me rendre sur l’autre rive.
C’est alors qu’il est arrivé
À fond de balle sur son vélo,
Tournant vite, sans même regarder
Il allait gagner le gros lot.
Une collision inévitable
Entre une enfant et un cycliste !
Ce n’était pas bien raisonnable
De changer subitement de piste.
Tous les deux, nous sommes tombés
Sur cette chaussée asphaltée.
Les policiers sont arrivés
Heureux de le récupérer.
J’avais arrêté un voleur.
Une grosse bosse sur le front,
Je n’avais même pas eu peur
Avant de recevoir l’affront.
Sortant de la bouche de ma mère
En colère face à ma tenue
Qu’allait-elle dire à mon cher père
Face à ma nouvelle déconvenue ?
C’est ainsi que je suis arrivée
Crasseuse chez la vieille tante
Et, en plus, bien défigurée.
Aujourd’hui, ce souvenir la hante.
Mon père riait de mon exploit
Car à cinq ans, j’avais osé
Aider ces deux hommes de loi.
Le voleur était enfermé !
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