« 11 septembre. Une date éloquente aujourd’hui pour beaucoup. Une date qui ramène inévitablement nos consciences en l’an 2001. Et pourtant, il en est un autre… un 11 septembre oublié : le 11 septembre 1973 ! Ce jour-là, il y a quarante ans déjà, un sanglant coup d’État militaire semait l’horreur et la violence au Chili. Pendant 17 ans, cette dictature a imposé sans relâche une répression effrayante à ses opposants : la mort, la torture, la disparition, l’exil. »
Le théâtre du Grand midi à Ixelles a mis sur pied une de ses dernières soirées théâtrales pour nous faire vibrer par la poésie de Pablo Neruda. Le spectacle s’intitule: « LE PRINTEMPS DU MONDE »!
Naquit un homme
parmi tant d'autres
qui naquirent,
j'ai vécu parmi bien des hommes
qui vécurent,
ne parlons pas d'histoire
mais de terre,
la terre centrale du Chili, cette terre où
les vignes ont frisé leurs vertes chevelures,
où le raisin se nourrit de lumière,
où le vin naît des pieds du peuple.
Le vin, lui, est resté vivant,
il est monté jusqu'au raisin
égrené
par l'automne
vagabond,
pour redescendre aux sourds pressoirs23,
aux barriques
qui ont pris la couleur de son doux sang,
et là sous l'effroi
de la terre terrible
il est resté nu et vivant.
Je ne garde le souvenir
du paysage ni du temps,
ni des visages, des silhouettes,
rien que la poussière impalpable,
la traîne de l'été
et le cimetière où
on m'emmena
voir parmi les tombes
le sommeil de ma mère.
Le spectateur entre dans le spectacle par les coulisses de l’histoire. Nous pénétrons dans un lieu qui sera bientôt la résidence du Théâtre du Rideau. On tombe entre quatre murs passés au goudron noir. Les planches sont en morceaux, ce n’est pas du théâtre c’est de la vie. Assoupi le comédien se relève. Il n’arrêtera pas de marcher, de se mobiliser, de se cogner aux murs et aux spectateurs, plus rapide qu’un papillon de nuit ivre de lumière. « Et mes pas étaient ceux du printemps du monde ! » Vous le voyez, jeune – à peine la trentaine - barbu mais sans ostentation, chevelu mais sans longueurs, tendu comme un arc dans sa chemisette d’ouvrier du verbe. L’arcade sourcilière a des langueurs d’antilope aux abois. Le regard brûle et plonge dans le vôtre. Il vous emmène sur les sentiers de la poésie du grand Pablo.
Energie pure, pas le moindre maquillage, une vérité ruisselante de vie et de mort. Un être crucifié qui hait les moines : « on voulait crucifier mes mots », un être flagellé « on voulait flageller mes idées ». Un être qui ne joue pas la comédie, quelqu’un qui dépasse la représentation. Un acteur dont le cœur se « dénoua » dans le vent qui jette les livres poussiéreux aux orties et ne garde que la parole fraîche, vivante, émue et éblouissante et vraie.
Dans la salle, le jour de la première, plein d’amis, des gens aux sentiments purs, Pietro Pizzuti. Sur scène, un tremblement de terre, une chaise à trois pattes attachée au plancher défoncé d’une maison saccagée à côté d’un araucaria sauvage. Le jeune acteur se sert du vin qu’il offre à une spectatrice. Servez-vous dit son regard. Et tant d’autres choses encore! « L’héritage que je laisse ici, tel une braise verte. » « Pour nous briser, il faut, oui, que l’on nous tue.» Des spectateurs se lèvent et se servent.
Le long de la muraille: la corde de l’esclavage, la roue de la locomotive (le père monta dans le train de la mort sans revenir… jusqu’à présent) ou celle de la passerelle qui emmène les mineurs au fond de la terre pour lui arracher l’or, le cuivre le charbon. Les rouages d’une société verrouillée par l’argent, par le pouvoir destructeur du dictateur. N’oubliez jamais : « le plat sanglant et froid sera là chaque matin, pour toujours », lorsque vous ouvrez les yeux. De chaque crime naissent les balles, de chaque enfant mort nait un fusil. Comme en Syrie, aujourd’hui…
Je suis comme un puits, au fond il y a des étoiles et je suis venu afin que tu chantes avec moi, aimable spectateur qui a bu tout le vin.
Vous l’aurez compris : on est retourné par un tel spectacle ! L’interprète se nomme Marvin Mariano.
Du 10 au 14 septembre 2013 à 20h30! XL Théâtre - 7A Rue Goffart / 1050 Ixelles
Infos et réservations : O2 / 513 21 78
http://www.xltheatredugrandmidi.be/
Un solo, mais une création collective :
Interprétation : Marvin Mariano
Assistante à la mise en scène : Marta Michelini
Scénographie et costumes : Delphine Coers - http://www.delphinecoers.com
Son : Justin Douilliez (Be1 Prod) - http://www.be1prod.com/
Maquillage : Laurie Van Laethem
Création Lumière: Antoine Vilain
Chargée de communication : Laura Bejarano Medina
Contacts : laura.bejarano.medina@hotmail.com
Commentaires
Première date 2015 de PABLO NERUDA - LE PRINTEMPS DU MONDE au Centre Culturel Les Riches-Claires!
Nous avons le plaisir de vous annoncer la reprise du spectacle Le Printemps du monde du poète chilien Pablo Neruda.
Ode à l’engagement poétique et politique de Pablo Neruda, le Printemps du Monde se veut une rencontre entre le poète et sa terre. De l’émergence de sa poésie à celle de la révolution chilienne.
...
Le lundi 2 mars 2015 à 20h30 - 5 euros / places limitées.
Réservations par mail : accueil@lesrichesclaires.be
ou par téléphone au 02 548 25 80
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Le lundi 2 mars 2015 à 20h30 - 5 euros / places limitées.
Réservations par mail : accueil@lesrichesclaires.be
ou par téléphone au 02 548 25 80
Dernière représentation, ce soir!
Il me semble fort important de traiter du coup d’Etat du Chili de 1973 et pas seulement pour des raisons humanistes et pour dénoncer les crimes commis par Pinochet et le régime militaire qui s’est emparé du pouvoir par la force et la brutalité, crimes qui sont encore impunis à ce jour ... Tout peuple gagne toujours à tirer des leçons de ses expériences et des expériences des autres peuples. Quand il ne le fait pas ou mal, il s’expose à de bien malheureux déboires quant à vivre en paix, en démocratie et dans la plénitude des droits individuels. Il y a beaucoup de gens qui admettent ça sans problème, mais pour autant, ils restent la plupart du temps dans une histoire nationale, et surtout bien plus dans une histoire convenue par l’idéologie dominante que dans une histoire réelle. Je suis d’avis que les arts et que le théâtre en particulier peuvent être des vecteurs pertinents, positifs, efficaces pour aller vers une meilleure connaissance de l’histoire réelle et pour dire autre chose que ce que nous montrent ou nous disent les pouvoirs en place et les médias qui nous éloignent de penser correctement quelles sont les causes de nos problèmes majeurs et de l’iniquité des conditions humaines qui perdure en dépit d’un tas de progrès scientifiques et technologiques.
Il pleut sur Santiago par pantuana
http://www.sonuma.be/archive/la-derni%C3%A8re-interview-de-salvador...