La curiosité est le plus beau cadeau que les fées penchées sur notre berceau puissent nous offrir, elle est une source intarissable de plaisirs et de découvertes.
J'ai trouvé dernièrement au marché aux puces un livre sur le peintre Tydgat. A ma grande surprise, je constate que l'auteur n'est autre que mon grand oncle, Jozef Muls.
Et les souvenirs d’enfance d’affluer.
L’oncle Jozef, le seul de la famille lié au monde de l’art, qui racontait à la petite fille que j’étais, toujours en train de griffonner, les moments agréables qu’il passait chez Tytgat.
L’oncle Jozef, qui possédait une extraordinaire collection d’oeuvres d’art et de livres précieux dont il fit don à l’université de Louvain où il enseignait.
L’oncle Jozef qui s’était aménagé dans les combles de sa maison de Kapellenbos un extraordinaire espace de travail où l’on accédait par un escalier qui tenait plus de l’échelle et qui comme il me le confiait en souriant dans sa barbe, interdisait “aux femmes” l’accès à son sanctuaire.
Les femmes, c’étaient sa sœur, vieille fille grasse et bigote et une naine turque sauvée de la débâcle d’un orphelinat d’Istambul après la seconde guerre mondiale.
L’oncle Jozef qui probablement gardait aussi dans son grenier l’enfer de sa bibliothèque.
Mais je m’égare...
J’ouvre le livre de Tytgat et, seconde surprise, il est dédicacé par Tytgat à l’éditeur. Je ne suis pas bibliophile, ce qui m'importe est le contenu d'un livre, mais ce petit plus me ravit.
Et puis, l’année de l’édition,1943, les reproductions en couleurs et l’emploi d’un papier luxueux par ces temps de guerre où le papier était une denrée rare, peut étonner mais il s’explique par le fait que l’Oncle Jozef était directeur des Beaux Arts de Bruxelles, sa fonction lui permettant d’obtenir certains avantages dont il fit profiter des artistes aussi bien flamands que francophones. Il était lui-même parfait bilingue.
Un troisième plaisir c’est bien sûr la lecture du texte. J’y découvre à la fois le peintre que je connaissais mal et l’extraordinaire sensibilité de l’oncle Jozef en matière d’art.
Parfois il me semble que les générations loin de se succéder, se croisent et s’interpénètrent.
Merci monsieur Gutenberg.
Commentaires
Pour ma part, j'avais un père né à Ostende à la fin du vingtième siècle, qui connut le magasin de farces et attrapes que James Ensor hérita de son propre père. Dans un bocal, il y avait une "sirène", sans doute un bricolage de poisson... J'ai encore dans l'esprit une image de la boutique fabuleuse à travers ce récit.
Vous avez raison, les générations font bien plus que se succéder.
Et peut-être ce site tiendra-t-il ses promesses, finalement.
EG