A la baronnie d’ Emblise il n’y avait pas d’eau courante mais un puits et une pompe à main. J’aimais l’actionner. Il fallait attendre le glou-glou avant que le jet magique d’une pureté absolue n’entre en contact avec le monde terrestre. Non loin, les écuries intactes gardaient de lourdes mangeoires en pierre qui avaient servi à ravitailler les chevaux. Il me semblait entendre des hennissements et des piétinements à chaque fois que je passais la lourde porte. Mais pas de peurs, ni du noir, ni des recoins aux toiles d’araignées géantes comme s’étant nourries pendant des siècles, ni de ces voix venues d’un autre âge. Tout semblait vivre comme à l’époque quand les seigneurs avaient déserté l’endroit ; ils avaient dû croiser le fer âprement avant de quitter leur domaine et ce paradis niché au sein d’une forêt protectrice. Il y avait des terres autour. Quand arrivait le printemps des agriculteurs qui en avaient l’usage se mettaient au travail et préparaient la terre. Ils y plantaient betteraves et pommes de terre. Une fois leur récolte faite, avec ma mère nous allions glaner les fruits restants que nous stockions avec précaution au cellier. Ce dernier se trouvait sous la cuisine et le sol était en terre battue. Les trois lourdes marches de l’escalier qui y menaient portaient la marque des chaussures du passé car la terre argileuse en avait façonné les traces. Je marchais sur les pas de Gautier et de Godefroid et il me semblait entendre parfois le bruit d’une armure ! Il fallait en effet penser aux provisions pour l’hiver. Quand la neige recouvrait le chemin, certains hivers nous isolaient complètement. Le blanc paysage était alors féerique. Je dormais sous la croisée. La cheminée crépitait de ses derniers feux, envoyant par intermittence ses lueurs dormantes quand un hibou familier venait prendre une place devenue quotidienne sur le rebord, comme envoûté par leurs incandescentes rougeurs.
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Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
De l’art d’être malheureux dans « Capitale de la douleur »
Publié(e) par Robert Paul le 25 août 2012 à 11:30
1984: "La guerre c'est la paix. La Liberté c'est l'esclavage. L' ignorance c'est la force."
Publié(e) par Robert Paul le 3 novembre 2013 à 1:30
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Commentaires
Merci de votre fidélité Jacqueline. Amitiés, gilbert.
Merci Adyne pour votre présence et votre appréciation. Passez une bonne fin de dimanche et de ce long WE qui devient lourd. Les orages ne sont pas loin. L'histoire se répète tout le temps ! Amitiés, gilbert.
De beaux souvenirs ...qui nous plongent dans un passé plus lointain.
Merci Gilbert
Amitiés.
Adyne