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Le film JGobert

Un matin, levée tôt, pas encore complétement éveillée, une chose étrange se déroule sous mes yeux. Le miroir de la salle de bain s’illumine et je vois défiler un film familier. Des images personnelles, intimes, profondes surviennent à toute vitesse devant moi et ensuite disparaissent. Ces images retracent le fil de ma vie et laissent mon esprit dans une certaine stupeur. C’est un spectacle étonnant.

Mais voir mon futur ainsi représenté me laisse dans un désarroi total. Quitter ma famille, savoir tout ce qui me reste à faire, ce moment étrange, d’un face à face avec soi-même, m’amène à des réflexions inhabituelles dont beaucoup de questions sans réponses.

Après avoir repris mes esprits, je comprends que ce film est accompagné d’un second film en superposition, d’autres images défilent en même temps, me représentant dans des situations similaires, presque semblables comme présentées pour un second essai.

Il s’avère qu’avec ce second essai, je change ma vie, mes exigences et mes conditions. Plutôt celle-ci que celle-là et un étrange sentiment de curiosité s'installe en moi.  Encore sous le choc, je cherche à savoir qu'est ce jeu étrange que je récréé inconsciemment. Qui tire ainsi les ficelles de mon âme, de mon être pour pouvoir en disposer de la sorte.

Curieux jeu que d'entrevoir sa vie future et de posséder le pouvoir d’en modifier le déroulement. Un pari déposé dans les mains d’un humain pour accéder à son lendemain et en sélectionner le meilleur. Cette puissance donnée à un mortel parait suspecte et laisse croire à un jeu de dupe, une éventualité différente en acceptant les conséquences. 

Les jours suivant, certaines images reviennent et me mettent face à moi- même dans un dilemme angoissant. Il n’est pas aisé de refaçonner sa vie vers un autre chemin et de vouloir en bouleverser le présent. Après bien des réflexions, une douloureuse décision me vient et sans véritable raison, je décide de partir afin de laisser ce présent s'accomplir en quittant les miens en paix.

Emportant peu de choses avec moi, la fuite est facile, les kilomètres à mettre entre eux et moi aussi. La séparation me parait salutaire, favorable et ainsi, je ne discerne plus ce futur inexorable. Au bout de quelques jours de fuite éperdue, je loue une chambre pour me poser un peu. Prendre un bain et me rafraichir le corps et l’esprit. Dans cette minuscule chambre d’hôtel, une salle de bain, un miroir banal m'angoisse un instant et me laisse immobile. Il ne se passe rien et au bout de quelques instants, je m’endors épuisée.

Levée tôt, mon regard est attiré vers le miroir de la salle de bain et sur cet écran de fortune, le film défile de nouveau devant moi. Des changements inédits, inconnus, créés par mon départ précipité en bouleversent le cours. D'autres images récentes se superposent aux premières m'éclairant sur cet avenir en marche et me laisse sans voix. Je suis prise à ce jeu de dupe et à cette puissance que je ne connais pas.  Je suis terrifiée par toutes ces images naissantes me concernant et qui m'échappent me laissant dépourvue de liberté et de vérité. Aucun changement quel qu’il soit ne me convient.

Egoïstement revenue à la réalité, je prends le téléphone et rassure ma famille très inquiète de ma disparition. J’ai subitement honte du mal que je leur fais.

Je refais le chemin à l’envers et me sens heureuse de rentrer chez moi. Je suis accueilli avec beaucoup de tendresse et mes explications ne sont pas satisfaisantes pour les miens. L’éclaircissement est difficile et ce jeu d'images avec ce pouvoir de changement ne convainc personne. Ils restent muets, sans voix. Ma plus jeune fille attrape une bouillotte glacée qu'elle me met sur la tête.  L'autre propose d'appeler le médecin.

Le jour suivant, je mets un torchon sur le miroir de la salle de bain et reste à l'écart de celui-ci. J'arrive à dormir sans trop de cauchemars mais je sens que ce film attend que je le visionne entièrement.  Un soir, je promets de le regarder.

Cette fois, je vois cet avenir sans crainte, ni regrets, ni remords. Oui, beaucoup d'évènements peuvent changer, se produire autrement, s’établir différemment mais c'est ma vie et je l'aime comme elle est.  Après la vision du film, je n'ai rien changé au déroulement de mon existence. J’ai passé sous silence ce futur à mes proches. Je me suis mise à les aimer plus forts encore, chacun comme il le souhaite, le veut.  J’ai eu la chance de voir leurs émotions, leurs sentiments.  Mon amour pour eux grandit jour après jour et les rend heureux.

Un drôle de cadeau mandaté par cette expérience inattendue.  Et ma vie est telle qu’elle doit être. Simple, sincère et pleine d’amour.

 





 
 

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Commentaires

  • merci Betina  pour votre joli commentaire.

    Amicalement

    Josette

  • Bonjour Josette,

    Et je dirais plein d'humour à rajouter à votre dernière phrase. Encore merci du si joli texte.

    Betina

  • Merci Nicole de suivre les commentaires toujours très intéressants de nos amis. Une façon toujours différente de traverser la vie.

    Amicalement

    Bonne journée

    Josette

  • Bonjour Josette,

    J'ai pris plaisir à découvrir les commentaires après la lecture de ton récit, et je les rejoins dans leur ressenti .

    Je pense que nous vivons ce genre d'introspection quelques fois dans notre vie et que cela nous permet de nous stabiliser , de nous recentrer, de nous en porter mieux et d'accéder à une certaine forme de sérénité.

    L'idée du film dans le miroir est judicieuse !

    Merci de ton partage ! Belle journée ! Nicole

  • Bonjour Gilbert,

    Sur la route de la paix intérieure quand elle s’exprime ainsi. Une certaine violence a disparu et reste maintenant les faits faciles à comprendre malgré ce pétrin toujours en activité et toujours alimenté par le nouveau qui ne nous quitte jamais. La vie ne permet pas d’en effacer les racines et ne permet pas non plus que l’on la nie. Le plus facile est de l’exprimer encore et encore pour l’alléger, pour qu’elle devienne plume, plume vole, plume s’envole.

    Amicalement
    Josette

  • Bonsoir Josette,
    Notre mental est soumis à de bien nombreuses tortures. Alimenté en permanence par nos soucis personnels et une actualité qui le bombarde constamment de mauvaises nouvelles, il produit le "pain " avec la farine qu'on lui donne. Je pense qu'il s'apaise avec les mouvements physiques au dehors. La part d'enfance qui est en nous nous joue des tours ainsi que nous étions impatients de retrouver la récréation lors de cours fastidieux avec des maîtres tristes.Rester dans son coin sans bouger peut conduire à l'hallucination comme d'avoir le pied sur le frein tout en roulant. Nous sommes partagés entre le désir de stabilité et l'envie de s'envoler. Vous avez fait une belle expérience en conscientisant la nature profonde de votre esprit et cela vous a conduit à votre option : rester là parmi ceux que vous aimez et dont la séparation vous serait insupportable. Votre texte relate parfaitement les étapes de ce film émotionnel comme vous le qualifiez. C'est judicieux. Beaucoup de personnes s'y reconnaîtront et y trouveront peut-être du réconfort lorsque l'on sait tant la nature bouleversée des femmes et des hommes. Sortir, s'aérer, marcher et puis revenir pour le goûter des petits qui nous réclament !
    Bien cordialement
    gilbert

  • Merci Krystin pour vos bons vœux 2015 que je vous envoie à mon tour.

    merci du partage.

    Josette

  • Merci Rolande pour ton commentaire. Les choses de la vie nous enveloppent de différentes manières et souvent nous touchent plus que l’on ne le croit.  Elles ne sont pas toujours au premier plan mais reviennent nous visiter à un moment ou à un autre. Et quoi de plus beau que de les exprimer quand elles réapparaissent et viennent, parfois, estompées mais bien présentes nous faire coucou.


    Excellente journée Rolande.

    Amitiés et bisous Josette

  • Merci Nadine de ce commentaire. La vie se fait avec des hésitations, des renoncements mais aussi avec des envies de tout recommencer, de partir. Et puis comme un fleuve qui a grossit par des pluies diluviennes, la vie se calme et reprend son route et continue.


    Amicalement Josette

  • Un jeu de miroir fascinant qui nous enveloppe d'angoisse.

    J'ai beaucoup aimé cette fuite éperdue vers un ailleurs pour aboutir dans une chambre banale et sans âme.

    Tant il est vrai que nos désirs de faire tout éclater en une bulle de feu peut se faire prégnant !

    Tout recommencer à zéro à partir de nos regrets des occasions perdues.

    Et puis retrouver la chaleur de notre quotidien, même s'il nous paraît banal et monotone.

    Le tout est de le vivre avec plus d'amour encore. Bravo Josette pour "ce doux délire"....

    Tu nous fascineras toujours par une vue juste des "choses de la vie".

    Très bonne année à toi et meilleurs souhaits. Bisous. Rolande.

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