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le chat

Chez nous les animaux occupent une place centrale. La jument, et le chat. Mais voilà, il y a nos petits enfants. Alors...

La chatte se lova dans sa couverture. Elle ronronna d’aise, et posa son museau sur ses pattes. Le pâle soleil de janvier chauffait sa fourrure grise au travers de la vitre. Elle n’avait cure qu’il gelait sur la terrasse.
Doucement, elle sombra dans une agréable torpeur. Elle s’endormit tranquillement, toute aise de ce confort dont elle appréciait la douceur depuis des années, et qui lui rappelait le temps où, chaton, elle se blottissait tout contre le ventre de sa mère.
Elle n’avait pas entendu le ronronnement de la voiture qui se garait devant la maison. A peine leva-t-elle une paupière, un œil, lorsque résonna violemment la sonnette de la porte d’entrée. Le grincement de la poignée de la porte, les bruits de voix, dans le hall d’entrée, rien ne troubla le repos de notre chatte.
Soudain, entra dans le salon un petit enfant haut comme trois pommes, titubant et marchant maladroitement. Le plus fermement qu’il put, il se planta devant la chatte. Il la désigna du doigt, et souriant de ses quelques dents, il émit d’une voix aiguë un son dans lequel il était aisé de reconnaître le mot « chat ».
D’un bond, elle se propulsa au-dessus du dossier du fauteuil, interdite devant une apparition si brusque.
Cette nouvelle position la mit hors d’atteinte. La chatte observait le petit être : la forme, l’odeur lui rappelaient  celles de ses maîtres et des êtres humains, mais… Prudence ! Peut-être y a-t-il danger. Son instinct de félin se réveilla, elle feula, menaçant, du moins l’imaginait-t-elle, le petit enfant.
Lui ne se souciait plus guère de la chatte. Il avait trouvé plus d’intérêt à une petite balle, son jouet, qu’il avait abandonnée sous la table de salon. Ce répit lui permit d’examiner ses chances de fuite : entre elle et la porte vers le hall d’entrée, le petit bonhomme, toujours agité, et puis cette porte, fermée. Les oreilles en casquette, le regard attentif, rivé vers le bébé, elle guettait l’instant favorable où elle allait pouvoir bondir et s’échapper.
Enfin, l'enfant se dirigea, de son pas chancelant, vers la cuisine. La porte vers le salut était encore fermée, mais elle imagina une cachette: elle se glissa sans bruit du fauteuil vers une chaise. Elle s’y hissa, et, dissimulée par le pan de la nappe de la table, elle observa le salon au travers du cannage.
Elle se calmait, les pattes blotties sous le corps, mais toujours attentive au moindre mouvement du petit enfant. Il ne lui portait plus d’attention, il ne la voyait plus, tout occupé qu’il était, avec quelques jouets familiers que sa maman lui avait donnés. Pourtant, il se trouvait encore tout proche. La chatte imagina que le mieux était de rester parfaitement immobile.
Le temps passait. L’enfant, tout à ses jeux, semblait l’avoir oubliée. Aucun des adultes présents n’avait encore eu la bonne idée d’ouvrir la porte du vestibule, par où elle escomptait s’échapper.
Tout d’un coup, le bébé lança son terrible cri « sssah », et pointa à nouveau son doigt vers le pauvre animal. Elle s’écrasa le plus qu’elle pouvait, mais elle se trouvait être encore une fois le centre d’intérêt du petit enfant.
Elle entendit un grincement de gonds derrière elle. Elle comprit immédiatement que la porte salvatrice venait de s’ouvrir. D’un bond leste de félin, elle sauta vivement de la chaise, se jeta au travers de l’entrebâillement de la porte, laissant pantois et médusé le bébé qui ne comprenait pas qu’elle puisse le fuir.
Elle grimpa les escaliers, força de la tête la porte de la chambre et se glissa sous le lit. Elle souffla, et s’imaginant poursuivie, elle guetta l’arrivée du petit enfant.
Elle attendit, longtemps, mais plus rien ne se passa. Doucement, elle quitta sa cachette, grimpa sur le lit, et, avec délices, se glissa sous la chaude couette. Elle s’y lova, s’endormit paisiblement après cette terrible aventure.

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