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La caravane vers « La terre est mon village » a fait une halte au caravansérail Algérie depuis le 26 juillet dernier. Convoyé par l’artiste-peintre Hamsi Boubeker, ce musicien et enfant de la médina de Yemma Gouraya (Béjaïa) a élu bivouac et « Repas sur l’herbe » à la galerie Baya (1931-1998) qui est mitoyenne au « Jardin du bonheur » du palais de la culture Moufdi-Zakaria. Véritable globe-trotter, Alger est le pied-à-terre que l’officier de l’Ordre de la couronne (Belgique) a choisi sur sa feuille de route après l’étape en 2016 au musée Guillaume-Charlier (1854-1925) du plat pays de Jacques Brel (1929-1978). Outre le pays à Tintin (Hergé), l’assistant ethnomusicologue de Mouloud Mammeri (1917-2017) avait fait escale à l’Hôtel de ville de Paris, lors de la 20e édition du Maghreb des livres en 2014. Mais maintenant qu’il est là, le maître d’école nourrit l’optique de croiser le fer contre l’amnésie, où s’engluent dans l’oubli, notre culture et le savoir-faire de nos aïeux, auxquels l’interprète du chant « Les berbères de Kabylie » tente d’inoculer de la vie, notamment lors de la célébration de Yennayer. Douce mère icône, d’où il puise l’inspiration ou tendre idole de grand-mère qu’il adule « Autour du conte », « L’enfant circoncis » se sent redevable envers ses premières amours… maternelles. Reconnaissant, eu égard au filon des traditions anciennes qu’il a tété à la berceuse « Essendu » que « chantaient les femmes de la maisonnée autour du couscous lors d’un après-midi convivial ». Fragments d’enfance, l’ancien élève de cheikh Sadek El-Béjaoui, né Sadek Bouyahia (1907-1995), trempe ses pinceaux dans les couleurs chatoyantes d’une robe d’une femme kabyle au port altier, où scintillent les signes berbères qu’enjolivent sa cruche lorsqu’elle va à l’eau de la « tala » (fontaine). C’est là le préliminaire d’un jet de portemine qui ordonne : « Le retour au village familial ». Donc, vers l’authenticité afin de « faire la fête », que l’artiste-peintre graisse à l’encre de Chine. Tellement d’agréables traits, que le choriste et maître de chœur s’adonne à cœur joie et crée l’ébauche du bracelet de cheville, ce « khalkhal » argenté d’une femme qui tournoie çà et là dans un coin de sa mémoire d’enfant.

Façonné à l’école de l’autodidactie, l’auteur de « Si tu veux la paix prépare l’enfance » (Unicef 1988) esquisse ses toiles ou plutôt ses mémoires d’enfant à l’acrylique qu’il panache à la gouache qui reflète les couleurs qui narrent l’escapade sur son âne vers les pâturages de sa Kabylie natale. Plus qu’elles ne s’admirent, les toiles de l’auteur d’« Aïcha, l’ogre et le père Inouva » (Bruxelles, Didier Hatier 1990) se feuillettent tels nos livres de récitation, où l’enchanteur décor bucolique occupe l’essentiel des gravures. Dans ce cas de nostalgie à laquelle nul ne peut échapper, autant y aller, histoire de déguster les beignets cuits des occupations des femmes et méditer sur les élucubrations du fou du village qui fait l’éloge du chasseur orgueilleux. Pour rappel, « La terre est mon village » est organisée sous le patronage du ministère de la Culture et de l’ambassade du royaume de Belgique à Alger jusqu’au 22 août.

Par Louhal Nourreddine

In journal Liberté du 20 août 2018 12:00

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