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La pécheresse

Elle n'a plus que les larmes pour pleurer sa jeunesse!
Que des larmes si chaudes qu'elles brûlaient sa peau fine,
Une peau lézardé, vieille toile parcheminée;
Un terrain plutôt miné de fissures et d'abîmes
Abîmée par le temps et par d'ennemies caresses,
Si fragile qu'un rien blesse et fait saigner sans cesse!
Elle n'a plus que les larmes pour voiler ses faiblesses;
Sa seule arme pour cacher la misère de ses yeux
Et le vide qui de noir en ornait les deux creux.
Que cacher quand le mal en ravageait les restes,
La laissant désossée, décharnée, tel la peste
Qui des êtres si chers rongeait toute la chair
Ne laissant que les os, la douleur et le pus?
Que peut faire sur cette terre l'impuissante corrompue
Qui en l'éternité des chimères avait cru
Qu'elle a dû invincible ou de pierre se croire,
Impassible aux malheurs ou pourvue de pouvoirs ?
Mais hélas le train passe ! Ses aiguilles nous enfilent,
Un à un nous entassent, un à un nous empilent
Sur les rails du temps où chaque heure est une gare,
Où chaque erreur et chaque tare nous accrochent par un fer
Au plus haut des supplices au fin fond de l'enfer!
Faudrait-il qu'elle se meure pour connaître son enfer;
Elle qui à chaque souffle en voyait les images?
Avait-elle succombée aux miroitants mirages ?
Aux ardentes chaleurs, aux vapeurs qui s'en dégagent?
Aura-t-elle la force de se voir dans le noir
Du miroir embué de sa vie embrouillée?
Aura-t-elle le temps de sentir l'air du temps
Rafraîchir ses idées, les souffler, dérider
Ses pensées enfoncées dans le mal et l'horreur?
Saura-t-elle un beau jour du pardon le plaisir?
De l'oubli la merci, de la mort la douceur?
Se souvient-elle encore qu'elle avait un bon cœur?
Qu'elle aussi, elle pouvait tout aimer sans regret?
Qu'elle aussi, elle savait tout donner, partager
Mille joies et sourires, et semer du bonheur
Autour d'elle? Le peut-elle? Hélas, non! Plus de temps!
Elle s'en va au plus bas, oui, là d'où nul retour!
Ni chaudes larmes, ni pitié, ni appels au secours
N'arriveront pour autant à en freiner le cours.
Son frêle corps démusclé qui se bat pour parler
N'ose pas reconnaître que son souffle s'y refuse,
Que sa bouche même l'accuse de l'avoir trop lâchée,
Que ses yeux lui en veulent de les avoir tachées
De milliers de laideurs et de mille obscénités.
Qu'attend-elle de la vie, elle qui l'avait usée?
Elle avait abusé de beauté et d'amour,
Et s'était recouverte de honte et de péchés!
Elle s'éteint recouverte de larmes desséchées,
Emportant à jamais une jeunesse violée
Et des rêves que l'ardeur des désirs a brûlés
Et l'espoir orphelin de se faire pardonner
Par le Seigneur des Cieux dont la grâce elle priait.

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Commentaires

  • Merci Cladine, Merci Joelle, merci à vous d'apprécier. 

  • Terrible histoire sous forme d'un poème.  Aucune vie n'est parfaite, aucun humain ne peut jeter la pierre à un autre.  Son espoir ne peut être orphelin face à un Seigneur clément et compatissant : seuls les hommes ne pardonnent pas, un Dieu d'Amour et de bonté oui !  Merci pour ce partage dramatique Khadija si bien écrit et décrit.

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