Toiture tuilée de tuiles sombres émoussées,
La masure charpentée de bois vermoulu,
A l'orée du bois odorant et touffu,
Egraine les heures et les vicissitudes passées.
Carreaux zébrés opaques de poussière,
Donnent le change à la porte entr'ouverte.
Personne n'y entre, personne ne sort de cet antre d'hier,
Le vent murmure sa lancinante mélodie en pure perte.
Raide, triste, aucun signal solennel de la cheminée,
Pas de volutes blancs marquant le retour du beau temps,
Point de fumées grisâtres annonçant le vent damné.
Elle ne rougit plus de plaisir comme avant.
Craquements successifs, incessants, animent
La masse vermoulue de cette demeure esseulée
Que la bourrasque, que le sable, humides et froids minent,
Par leurs coups violemment répétés.
Que fut-elle ? De douanier ? De pêcheur ? Refuge du promeneur ?
Jouissante de son charme encore préservé
Par un rosier hautain, vivace, ancré par bonheur,
Au muret dignement effrité, l'entourant de bonté.
L'écume des flots violemment projetés par le souffle divin,
Moutonnent les rides du sable dompté par la lande fertile.
Varech perlé d'embruns, lové au petit matin,
Par l'ivresse iodée, gît, flasque, sur le sable servile.
La masure charpentée de bois vermoulu
Contemple à sa faim ce tableau aux mille délices,
Epaulée en cela par la mouette trapue
Accompagnant la mélopée de l'onde propice.
La masure charpentée de bois vermoulu,
Logis impromptu du garenne sauvageon,
S'offre l'éternelle beauté d'âme émue,
Telle l'amazone riche d'un doux abandon.
Raymond MARTIN 2011
Commentaires
Quelle belle ambiance rendue par un attachant poème !
Merci
Une peinture-poème .... qui nous fait visualiser cette masure perdue à l'orée d'un bois.
Combien de fois sommes-nous passés près d'elle sans qu'elle éveille en nous cette floraison de mots avec lesquels tu joues en magicien. Et ces Alexandrins auxquels vous avez imprimé un rythme nouveau, très moderne, inhabituel.
On pourrait imaginer une lavandière rodant dans les parages, comme à St Symphorien dans les Landes.
C'est très beau. Merci. Rolande
Mystère des vieux abris ,seules les épeires ou autres dentelières en connaissent les secrets que les rayons pâles du soleil couchant éclairent encore
Nous avons tous une vieille cabane ........au fond du jardin , au fond du coeur
J'aime beaucoup
Arlette
Bonjour Raymond des mots qui traduisent réellement un paysage, j'ai vu cette maison grâce à vous, à travers vous !
Bravo et merci Raymond
Marie-Ange
C'est une belle qualité de pouvoir exprimer en mots ces ressentis, ces choses qui s'expriment aussi en peinture, en sculpture, en musique..."Qu'en termes élégants ces choses là sont dites".
Je sais bien que l'on admire toujours ce que l'on ne sait pas faire, mais vraiment, bravo.
Riche ,moi ??
Ma richesse c'est d'avoir des amis, dans Arts et lettres...............................................................lointains mais tout prés grâce à la technique du net ................. aujourd'hui le soleil donne de sa voix et les oiseaux illuminent les érables sicomores , hélas pour certains je ne peux pas mettre de nom sur leurs rayons lumineux .Quant à nos érables ,ici , la géologie du sol ne leur permet pas d'avoir en automne les couleurs Fauvistes que celles arborées par leurs cousins Canadiens .
Merci Jimbé mais celle à qui je dois ce poème n'a pas ces gigantesques tuyaux de poèle comme sur ta photo,
seulement un cheminée de briques rouges moussues par l'age et n'en finissant pas de vieillir ....................