J'ai toujours su que j'avais quelque chose à faire avec le théâtre. Enfant et adolescente, j'avais rêvé d'être comédienne. Cette idée m'était venue très tôt parce que personne ne prenait au sérieux mes larmes quand j'étais triste. Mon chagrin était ignoré car on disait que j'étais comédienne. J'ai alors cherché à exploiter ce don des larmes pour étonner mes copines de classe. Lorsqu'elles me demandaient comment je faisais, je répondais :" C'est facile Je pense à quelque chose de triste !" Les mots qui parvenaient instantanément à me faire pleurer étaient " Personne ne m'aime !". Je ne sais si à sept ans , j'utilisais spontanément l'une des ficelles des acteurs mais ce dont je suis certaine, c'est que mon chagrin n'était pas joué. Je venais de découvrir qu'être artiste, c'est utiliser des émotions vraies pour construire des fictions.
Je n'avais pas vraiment compris que lorsque mes parents riaient de mes pleurs en prétendant que j'étais comédienne, ce n'était pas un compliment et encore moins pour que je décide d'en faire ma profession. Ma famille n'était pas disposée à m'encourager à devenir artiste, bien au contraire.
S'obstinant à nier ma sensibilité, ma féminité et mes aspirations, elle a fait planer sur moi une malédiction que je n'ai pu tenter de vaincre que par l'écriture. Dans chaque pièce que j'écris, il y a toujours au moins un rôle que j'aurais aimé jouer.
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