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La bague

Comme elle n’avait pas eu

De bague de fiançailles,

Il s’est dit au fond de lui

Que c’était l’occasion

De lui en offrir une.

 

Ne sachant que choisir,

Il emmena sa belle-sœur

Chez le bijoutier du coin.

Elle a guidé son choix

Vers une bague au grand coût.

 

Il est rentré chez lui

Très fier de cet achat

Fait moins d’un an après

Leur jour de mariage

Dans ce petit village.

 

Il lui offrit l’écrin,

En prononçant des mots

Qu’elle ne comprenait pas.

Il allait s’en aller

Car c’était mieux ainsi.

 

Son discours était flou.

Partir pour aller où

Et que faire là-bas

Sans biens et sans ressources ?

Était-il devenu fou ?

 

Il ne voulait pas d’elle.

Elle était une fille bien

Et devait rester là,

Cette bague en souvenir.

Il ne reviendrait pas.

 

Des perles de diamant

Ont garni tous ses cils.

Les larmes qui débordaient,

Dessinaient des sillons

Sur ses joues empourprées.

 

Elle n’était pas d’accord.

Elle suivrait son époux.

Peu importe son choix,

Elle serait avec lui

Ici ou bien là-bas.

 

Il ne s’attendait pas

À cette réaction.

Elle qui aimait tant

Sa maison, son jardin

Et sa chère profession.

 

Se montrant déprimé

En tout bon comédien,

Il a donc insisté,

Lui tenant chaque jour

Ce discours insensé :

 

Une torture mentale,

Des mots rudes et flous,

Une ritournelle banale.

Elle s’en chagrinait

Derrière de beaux sourires.

 

Et puis un jour matin,

Belle-sœur a débarqué

Avec son cher époux.

Le secret bien gardé,

Elle l’avait dévoilé.

 

Voyant que son amant

Se montrait bien trop lâche,

Elle avait pris les devants,

Avait tout balancé

À la tête de son homme.

 

La raison du départ

Venait de prendre place

Dans le fauteuil couleur

Rouge velours de l’amour

Ou d’une blessure qui saigne.

 

Une bague en or blanc

Parée d’un diamant,

Un bien joli présent

Pour troquer son amant

Avec sa sour naïve.

 

Fière de son coup d’éclat,

La maîtresse jubilait

Dans le beau fauteuil rouge

De la couleur d’amour

Ou d’une blessure qui saigne.

 

L’amant interloqué

N’aimait pas ce visage

Savourant son audace.

Le beau-frère déconfit

Avait les yeux hagards.

 

« Je lui ai tout dit, il sait ! »,

S’est-elle exclamée tout haut.

L’amant devenu blême

A jeté à sa femme

Le regard d’un chien battu.

 

La bague autour du doigt,

Celle-ci venait de comprendre

Le mystère du discours

Agrémenté de déprime.

Tout devenait plus clair.

 

Le diamant brillait

Au sein de cette pagaille.

Il semblait les narguer

Libérant les non-dits

Des amants diaboliques.

 

L’anneau lui faisait mal.

Cette bague la brûlait,

La marquait au fer rouge.

D’une grande plaie béante,

À la douleur atroce.

 

Toutes les larmes retenues

Se sont mises à couler.

Un chagrin silencieux

Sillonnait deux pommettes

Rougies d’être trahies

 

Par une unique sœur,

Jalouse depuis toujours,

Qui s’envoyait en l’air

Avec le jeune époux

Car elle lui volait tout.

 

La tête entre les mains,

Le cocu s’est écrié :

« Et maintenant, que fait-on ? »

Il voulait divorcer,

S’efforcer d’oublier.

 

L’amant interloqué

Affichait grise mine.

« Pourquoi as-tu parlé ? »,

Reprocha-t-il alors

À sa maîtresse complice.

 

De ses yeux furibonds,

Il la dévisageait,

Lui lançait des éclairs.

Le sourire jouissif

D’un seul coup s’effaça

 

Précipitant les choses,

Elle venait de commettre

La pire des erreurs.

On ne chamboule pas les plans

D’un manipulateur.

 

Deneyer Viviane 01/07/2011

 

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