Toi, mon vieux, tu arrives et poses ton sac ;
Le même sac en toile bleue délavée.
Avec une corde qui soutient l’havresac,
Tu reviens de l’usine, la mine usée.
La banquette du café te voit s’effondrer.
Tu es chez toi. C’est ton bistrot, toi l’ouvrier ,
Ton affaire dont tu ne peux te séparer.
Ainsi donc, en espérant mieux, tu dois ouvrer.
Tu rêvais à tous ceux que tu ferais payer,
Aux paroles qui fusent au bruit des verres,
Aux propos idiots d’un tel qui a divorcé…
Aux blabla des sourds-aveugles ” terre-à-terre “.
Les yeux au plafond, ton sang ne peut plus bouillir.
Des éclats de voix lointains te sont étrangers ;
Ce n’est pas le moment et tu voudrais dormir
A l’heure où le soir fond sur deux égarés !
Au bar, elle, ta femme, s’est maquillée,
S’est faite belle à aider ton projet fou ;
A confié l’ennui de ses longues journées
A un ami inconnu pour elle quittant tout.
Voilà ce qui te reste, homme au sac bleu :
Chagrin, solitude et temps à regretter.
Tu t’étais trompé. C’est l’heure des adieux.
La faute au café, aux chimères des cafés …
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