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12273106077?profile=originalIl s'agit d'un essai de l'écrivain belge d'expression française Marie Delcourt (1891 - 1979), publié en 1958. Hermaphrodite est l'exemple privilégié d'un mythe pur, né de la pensée de l'homme cherchant à projeter et à cerner "la représentation la plus capable à la fois de rendre compte de ses origines et de symboliser quelques-unes de ses aspirations". Des légendes, des croyances, des rites archaïques sont à l'origine de ce mythe qu'ont cultivé à la fois les écoles, les théologies, les cosmogonies de toutes les races. "Tout se passe, en somme, comme si les Anciens avaient nettement perçu le symbolisme de la bisexualité, sans toutefois lui permettre de se fixer dans un grand mythe divin, mais en le laissant s'exprimer dans les rites, dans des cultes et dans des légendes où, du reste, sa valeur est souvent défigurée." Si les recherches des sociologues ont permis de voir dans le mythe d' Hemaphrodite la signification première de l' androgyne, C. G. Jung nous a montré son rôle dans l'univers des alchimistes, lequel reproduit dans ses grandes lignes la rêverie où le conscient rejoint l' inconscient, où animus s'unit avec anima pour recomposer avec elle une psyché en équilibre". Dans l' antiquité, les hommes se déguisaient en femmes et les femmes en hommes lors de nombreuses fêtes religieuses, beaucoup de divinités avaient une forme masculine et une forme féminine, souvent les êtres (comme Tirésias) changeaient de sexe et la Grèce honorait un dieu Hermaphroditos que tardivement l'on représente debout (Berlin, Epinal) ou couché, voire endormi (Louvre, Vatican...).

Marie Delcourt, qui semble avoir pénétré les secrets des magies de l' antiquité, traite ce sujet délicat dans tous ses détails, expliquant bien que cet être hybride était né d'une idée (réunir dans une créature les qualités et les forces des deux sexes) que l'on a voulu concrétiser, idée qui se retrouve chez la plupart des philosophes, entre autres dans le fameux mythe du "Banquet", où Platon raconte comment des êtres doubles furent séparés par Zeus en deux moitiés qui cherchent toujours à se rejoindre. C'est ainsi que dans son dernier chapitre, "le symbole androgyne dans les mythes philosophiques", Marie Delcourt étudie les auteurs et leurs oeuvres, qui, à partir de l'image d' Hermaphrodite, ont traduit une commune aspiration à l' unité, un rêve de régénrérescence, "un effort aussi pour rattacher l'une à l'autre l'idée d'un Dieu qui doit être parfait et la réalité d'un monde qui ne l'est pas". L'auteur commente dans un exposé sommaire, mais brillant: I "L' Orphisme", II "Platon", III "La Gnose et l' hermétisme", IV "Le phénix", V "La magie et l' alchimie". Petit livre, mais en tous points excellent par la richesse de l'information, la clarté et la fermeté de l'exposé, la façon dont Marie Delcourt initie au monde de la tératologie.

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