L’éventail est aussi et avant tout un objet d’art qui fait appel aux meilleurs artistes et artisans pour les confectionner, ainsi qu’aux matières les plus nobles.
Poursuivons donc notre inventaire…
… sur l’éventaire d’un antiquaire
Et autres souvenirs surannés, comme ce carnet de bal oublié…
Souvenirs d’une marguerite effeuillée
Le moment est donc venu de rouvrir notre magasin des frivolités, de pousser la porte de l’atelier et nous remettre sur le métier.
Les matériaux les plus précieux sont donc employés pour les brins (baguettes), panaches (branches extérieures), bouts ou flèches (la partie supérieure du brin, entre les branches), comme pour la feuille.
Les brins formant la gorge et bouts seront en bois (prunier, citronnier, ébène, santal, palissandre…), en os ou ivoire, en corne, nacre ou écaille de tortue, laque ou vernis Martin, argent ou or, pouvant enchâsser diamant, rubis, topaze.
La feuille pourra être de papier, tissu (taffetas, satin…), peau (vélin, peau de cygne, canepin, cabretille…), dentelles ou plumes, nacre ou ivoire... L’imagination est au pouvoir.
On en trouvera de tout type, écran (fixe), brisé (des lamelles remplacent la feuille), squelette (à brins étroits et peu nombreux), sultane (à bouts décorés), à systèmes (à mécanismes), plié en aile de chauve-souris, palmette, cabriolet, cocarde, plein vol…
On innove et lance sans cesse de nouveaux modèles stimulant ainsi tant les inventeurs que la clientèle.
Curiosité, certains sont même munis d’une lorgnette au théâtre des vanités.
Ah ! voir sans être vue tout en étant admirée…
D’autres, de type carnet de bal, sont munis d’un stylet, niché dans le panache, permettant de noter, au dos de chaque brin, le nom du prochain invité.
Toutefois ne comptez pas sur moi pour en éventer tous les secrets. Je sais rester discret.
Munie de ce hochet,
A toute heure, en tous lieux, la coquette se montre ;
Il n’est point de plaisir où l’on ne la rencontre :
Allez au cours, au bal, allez à l’Opéra,
A la foire, il est sûr qu’elle s’y trouvera.
Charles Perrault (1628-1703)
Les meilleurs artisans d’art seront au travail. Ce sont les tabletiers-éventaillistes, ivoiriers, dentellières, doreurs…
Je ne voudrais d’autre travail
Que d’agiter cet éventail
Pour faire une brise légère
Qui pousserait tout doucement
Le bateau vers un port charmant
Et vous seriez la passagère.
Paul Arène (1843-1896)
Alors,
Cet éventail si c’est lui
Aile tout bas la courrière*
Stéphane Mallarmé (1842-1898)
Il va bientôt pleuvoir bergère
Allons sous ma chaumière…
Et, vous qui à la plage peut-être, profitant des deniers beaux jours, encore vous prélassez, doigts de pied en éventail, postez, je vous en prie, quelques mots sur cette page.
Michel Lansardière (texte et photos)
* Evente doucement la messagère (bienvenus sont les commentaires).
J’ai extrait et inversé ces deux vers de Eventail de Madame Mallarmé.
P. S. : retrouvez ici mes précédents billets autour d'un éventail :
La surprise de l'été :
Je sème à tout vent :
Commentaires
Merci Marie-Josèphe d'être passée sur cette page. Peut-être auras-tu plaisir à découvrir les autres billets consacrés à l'accessoire mais aussi, et surtout, aux artistes qui les ont créés ou ceux qui en ont été inspirés.
A bientôt.
Aussi légers soient-ils, mes éventails sont faits pour aérer, circuler, détendre et muser au gré de l'humeur du jour.
J'espère Nicome que ton expo t'a permis de belles rencontres avec le public comme avec d'autres artistes.
De retour sur Arts et Lettres après des périodes chargées, et ça continue. C'est un réel plaisir de redécouvrir, découvrir tous ces échanges, aussi beaux qu'intéressants. Merci Michel.
Passionnant !! Merci de ton partage, Michel ! Désolée de découvrir ce magnifique témoignage de tes recherches aussi tardivement ... mon expo récente m'a prise de ( très !! ) court dans le timing de ces derniers jours ! Belle fin de journée à toi! Cordialement, Nicole
Merci Martine, Suzanne (une petite surprise t'attend au prochain encvoi), Joelle, Michel, pour vos appréciations.
Je suis un besogneux qui essaie d'améliorer mes billets pour donner le meilleur de moi-même.
merci Robert Paul d'accepter mes modifications et de promouvoir mes articles.
Jacqueline, Corinne, Andrée, Antonia. Merci Mesdames pour ces mots ici déposés.
Un merci tout particulier à Béatrice pour ce modèle vraiment inhabituel chargé d'émotion. Les Vietnamiens ont toujours été un peuple courageux et ingénieux. Certains éventails s'y transforment en casquettes.
Je vais, avant de poster le dernier billet, sur les peintres notamment, afin d'y parler brièvement d'un modèle qui servait de carnet de bal.
Avec mes deux derniers billets à ce sujet consacrés (le dernier arrivera bientôt, je règle quelques détails), j'ai bvraiment voulu rendre hommage aux artistes et artisans qui conjuguent leurs talents pour le plaisir des yeux.
En plus le goût des mots propres à chaque profession à ici un goût exquis.
Merci Jacqueline, Christine, Liliane pour vos remarques et encouragements.
Merci Marc et Raymond. Quelques rimes s'envolent, l'éventail à inspirés les poètes à travers les ages et les cultures, comme nous le verrons dans la dernière partie de cet article.