Doux ami,
Certes, je crus longtemps que c’était un vieillard,
Ce truculent conteur au parler campagnard.
Grande fut ma gaieté découvrant l’imposture,
Quand une amie me dit: j’affirme et te le jure,
Ce fameux Gédéon nous cache sous son fard
Les traits non affectés d’un raffiné gaillard.
Il adore incarner ce rustre personnage
Et nous persuader qu’il a vraiment son âge.
Or venant ce matin sourire à mon miroir,
Je fus interloquée et fort peinée d’y voir,
Installée à ma place, une vieille étrangère.
Je conclus, indignée, que le sort exagère.
Et je me dis alors, pour me réconforter,
Pour défier le temps et la fatalité,
L’intruse que j’ai vue n’a aucune existence,
C’est une comédienne, une fausse apparence.
Et cela est si vrai que mon ami lointain,
Que j’appelle parfois de mon petit jardin,
Quand libérée, mon âme heureuse se repose,
M’y voit fraîche et charmante, entourée de mes roses.
15 juin 2007
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