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Journal intime : Premiers écrits

Peux-t-on écrire sans espoir d’être lu ? Ecrire rien que pour soi ? C’est bien évidemment la fonction du journal intime des adolescentes. Mais n’écrit-on que pour soi ou pour un autre avec lequel on entame un dialogue secret ?

Je n’ai pas trop abusé du journal intime dans ma jeunesse. Je n’osais pas trop y écrire mes états d’âme, sans doute parce qu’ils me faisaient peur, mais surtout parce que dans la petite chambre que je partageais avec ma sœur aînée , je savais que rien n’était vraiment secret. Comme, j’avais surtout eu envie de parler de mes parents, je savais que ce que je pourrais écrire risquait de se retourner contre moi.

Déjà j’avais eu un choc en retrouvant le cahier de mon premier essai de roman sur le bureau du psychiatre de la clinique où j’avais été admise après ma tentative de suicide à 14 ans. Qu’avait-il cherché dans cette histoire policière intégralement écrite au lycée pendant la pause du midi ? Il n’y avait rien d’autobiographique C’était le récit d’une impossible histoire d’amour entre un inspecteur de police et une jeune femme qui avait tué un homme qui lui faisait du chantage. A la fin de l’histoire, ils mouraient tous les deux dans un accident de voiture. Pas très joyeux tout ceci : Fallait-il voir dans cette fin tragique une similitude avec le fait que la mort m’apparaissait la seule issue à ma mélancolie ?

Lorsque l’on est très jeune, il n’est pas très facile de parler de soi. Il est plus commode de faire travailler son imagination. Ce n’est qu’au fil des ans que j’ai découvert que les divers épisodes de ma vie démultipliaient les possibilités d’écrits, de la poésie au roman puis au théâtre en passant par l’essai et naturellement les blogs.

Mon journal intime ressemblait plutôt à un journal sans états d’âme avec des anecdotes le plus souvent banales, mais dans l’ensemble j’y écrivais rarement, bloquée par l’auto censure que m’imposaient les regards indiscrets. Ce gros cahier hébergeait peu d’histoires d’amour, parce qu’à la maison l’amour était tabou, risible même. Lorsque la passion venait à passer par-là j’écrivais des poèmes rassemblés dans un recueil appelé : « L’éternité fugitive ».

En quittant mes parents j’avais emmené, parmi mes rares bagages, ce beau livre écrit à la main livre, avec une couverture de cuir. C’était peut-être ce que j’avais de plus précieux. Mais la vie communautaire dans cette vieille maison près des Buttes Chaumont, anciennement habitée par les frères Lumière m’a délestée de ces poèmes que je n’ai plus jamais retrouvés, emportés sans doute par un admirateur non déclaré.

J’ai eu beaucoup de peine car ils étaient ce qui me restait de mes premiers émois amoureux et je savais qu’ils étaient beaux. Plus que mon journal, pas vraiment intime, il y avait ces longues lettres d’amour que dans la plupart des cas, je n’envoyais pas. Il me suffisait de les avoir écrites. Lorsque je les postais, elles demeuraient le plus souvent sans réponse. Mais la plus belle réponse d’une lettre d’amour n’est-elle pas dans ce qui se donne, parfois sans espoir de retour, simplement porté par la grâce de l’écriture ?

Mes textes publiés et le livre à paraître à la rentrée, sur ce site

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