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journal de bord, mercredi 30 mars 2011

"Monsieur, vous m'avez gâché ma journée et j'espère vous gâcher la vôtre !"

 

M'avez-vous dit, chère madame, hier, au moment de reprendre un ascenceur.

 

Dehors, le soleil brillait. J'ai repris ma route. Le coeur un peu ... secoué.

 

Sur la Place Flagey, y avait du monde. Des étudiants manifestaient. Les forces de police, autour, faisaient acte de présence. Motif : réduction des prix, en faveur des étudiants (et de leur bourse d'étude).

 

"Monsieur, vous m'avez gâché ma journée et j'espère vous gâcher la vôtre !"

 

J'espère, pour vous, madame, que le restant de la journée vous a porté chance (comme moi).

 

Bien entendu, madame ...

 

Lorsque je vous ai présenté le colis qui vous était destiné (moyennant 10 euros et une signature) ...

 

 J'aurais pu faire semblant de rien, lorsque vous m'avez dit, droit dans les yeux : "pourquoi je dois donc payer ? j'ai déjà payé le mois dernier".

 

J'aurais pu m'abstenir de vous répondre : "ce n'est pas mon problème, vos problèmes d'argent ne me reviennent pas".

Comme je le fais si souvent, dans le cadre de mon boulot, à l'égard des gens (et y en a pas mal) qui résonnent comme vous.

 

J'aurais pu argumenter. J'aurais pu sourire. J'aurais pu patienter ... trente secondes.

 

Mais cette fois, voyez-vous, j'ai procédé autrement. Ce n'était même pas calculé. J'en ai parfois mon sou d'entendre les plaintes des gens au sujet des paiements en trop, de me sentir obligé de leur donner des réponses. Je ne suis pas payé pour ça, que diable ! J'ai le droit de dire ... que ça ne me concerne pas.

 

Evidemment, vous ne vous êtes pas laissé faire. Evidemment, vous m'avez répondu : "Je n'avais personne devant moi jusqu'à présent, donc je m'adresse à vous". Oui, c'est logique. Mais ... pas normal, quand même : ce sont les services responsables de l'envoi (qui coûte dix euros) qu'il serait préférable de contacter, avec lesquels il serait préférable de négocier.

 

Evidemment, vous avez pris le papier (à signer), vous avez tendu les dix euros. Ensuite, vous m'avez dit : "maintenant, vous me donnez le paquet".

Je n'ai pas obtempéré. Je vous ai dit : "vous me rendez d'abord le papier avec la signature". Une réceptionniste, à deux pas, assistait à la scène (elle a dit, à un moment donné : "monsieur est le messager"). Vous m'avez rendu le papier. Vous m'avez dit, une seconde fois : "maint'nant, vous me donnez le paquet". En haussant l'ton.

Je n'ai pas bougé, c'est vrai. J'ai gardé le paquet derrière le dos, c'est vrai.

Mon attitude pouvait passer pour de l'excès de zèle, j'en conviens.

Mais, madame, ça m'est tell'ment pénible d'être (ou de me sentir) commandé. Surtout quand je suis encore dans mon droit.

Impulsiv'ment, vous avez tenté de me ravir le paquet des mains. J'ai tenu bon. Et ... en gardant le sourire. Je vous avouerai : j'étais même heureux (et étonné de moi-même) d'accomplir cette performance (ni méchante ni illégitime).

"Je sens que je vais piquer une crise de nerfs", avez-vous dit. En haussant encore un peu l'ton. Avec (encore) un brin de sang froid.

Je n'ai toujours pas bougé. J'ai gardé le paquet derrière le dos. Je vous ai regardé droit dans les yeux.

"Je sens que vous devenez la cause de mon problème', avez-vous enchaîné.

A petits pas, je vous ai tendu le paquet. Vous vous êtes dirigée vers l'ascenceur, furibarde.

"Monsieur, vous m'avez gâché ma journée et j'espère vous gâcher la vôtre !"

Je vous ai regardé jusqu'au dernier moment. Je vous ai accordé un regard ... plein d'amour.

 

Je vois encore les deux portes coulissantes (de l'ascenceur) se fermer devant vous.

 

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