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journal de bord, mercredi 22 décembre 2010

 Quand on passe sur scène, quand on chante, quand on conte, quand on joue la comédie ...

 

Après coup ...

 

Quand ceux (ou celles) qui nous ont vu(e)s nous (re)parlent de nous, ça nous fait évidemment plaisir.

 

Quand ceux (ou celles) qui nous ont vu(e)s émettent à notre égard des restrictions, des critiques, c'est un peu plus périlleux.

 

Ceci dit, quand on est lucide, quand on prend du r'cul ...

 

Les critiques nous font souvent avancer. Aussi.

 

Le problème, souvent ...

 

Les gens qui viennent nous voir et nous formulent (et c'est leur droit) leurs critiques ... ne s'adressent pas forcément à nous au bon moment, ou utilisent (volontair'ment ou non) un ton, une manière de parler qu'on n'est pas forcément capables de recevoir.

Plus d'un artiste vous le confirmera.

 

Que de fois, en terminant un spectacle, en ayant encore la tête dans les étoiles, en sentant encore mon coeur à moitié dans mon spectacle, et en allant rejoindre (avec tout mon enthousiasme) une table où se trouvaient des gens venus me voir, je n'avais pas le temps de m'asseoir et j'en entendais déjà un (ou une) pour me dire (sur un ton franc battant, parfois, à la limite de l'agressivité) : "dommage qu'on ne t'entendait pas toujours !", "la guitare n'était pas accordée", "tes chansons sont longues ... il faut s'accrocher".

Que de fois, en recevant ces critiques de plein fouet, sans avoir eu le temps de respirer, j'ai eu très mal au coeur.

 

Mais, en revanche ...

 

Je ne conteste pas la légitimité de ces mêmes propos, quand, à tête froide, le jour suivant, après avoir passé une bonne nuit, je les revisite, je pèse le pour et le contre et j'agis en conséquence.

 

Effectivement ... malgré ma voix puissante, il n'est pas toujours aisé d'entendre un chanteur (ça peut dépendre de la longueur de la salle ou ... des gens qui font du bruit ou causent tout haut, parfois, dans la même salle).

Effectivement ... je ne prends pas toujours le temps d'accorder correctement ma guitare (j'entends d'abord le son avec mon oreille, à l'instinct, et j'oublie parfois de vérifier avec mon accordeur ... c'est une lacune, je le r'connais).

Effectivement ... mes chansons sont parfois longues (depuis 28 ans que je chante, je l'entends ... ce n'est pas un hasard si, quand j'écris, je me limite volontair'ment à trois couplets).

 

J'aimerais, maintenant, m'attarder sur trois critiques (extrêmement fondées) que j'ai reçues, vendredi dernier, lorsque j'ai chanté, avec Aude Van Diest, au "Cercle Diogène".

 

Faut dire que la personne en question n'est autre que ... ma chérie.

Qui écrit aussi.

Qui est une personne attentive à tout ce qui l'entoure.

Qui a l'honnêt'té d'exprimer clair'ment ce qu'elle ressent, sans jamais donner de directives et sans considérer son avis comme "l'avis des gens" (de cette trempe-là, ça ne manque pas parmi des gens dans l'public et parmi ... certains organisateurs de spectacle qui, dès lors, refus'ront de vous engager).

 

Parmi les trois avis de ma belle ... qui me connaît, bien sûr, et qui sait attendre le moment où je pourrai entendre ce qu'elle me dira (souvent, ça se passe quand on est en voiture ou quand on déjeune) ...

 

"Je n'aime pas quand tu accompagnes quelqu'un à la guitare ... je m'en suis encore rendu compte quand tu accompagnais Aude ... et je comprends pourquoi, quand nous avons essayé de travailler ensemble, ça n'a pas marché ... tes rythmes à la guitare, je les trouve accidentés ... ce n'est pas fluide pour moi ..."

 

Y a beaucoup de vrai, ici. Y a beaucoup de choses, ici.

 

Mais ... il s'agit de rester juste et de se respecter.

 

Nous avions, à une époque, essayé, mon amie et moi, de faire quelque chose : elle lisait un texte et je l'accompagnais à la guitare.

Et la difficulté résidait dans le point suivant :

Elle pouvait reprendre vingt, vingt-cinq fois son texte, opiniâtrement, jusqu'au moment où elle arrivait à l'interprétation qui lui semblait la plus juste.

Quant à moi, je fatiguais à chaque reprise.

Et je n'arrivais pas (tout en connaissant la ligne mélodique) à restituer la même mélodie. Je jouais d'instinct. Comme je ressentais le morceau à ce moment-là. Et ça la déstabilisait.

Nous en sommes restés là.

Peut-être : un jour ...

 

Quand je sais que mon amie et moi, quand nous sommes ensemble, au p'tit déjeuner, nous écoutons pas mal de CD's, dont des CD's de guitaristes chevronnés (Jacques Stotzem, qu'elle adore), dont les morceaux coulent, sont fluides,

je comprends sa tournure d'esprit quand elle m'entend jouer ... et accompagner quelqu'un d'autre.

 

Il est tout à fait vrai qu'avec Aude, je ne pratique pas autrement. Je connais les chansons du programme. Je connais la manière d'Aude ... d'interpréter ces morceaux, je les sens surtout. Et ... à chaque fois que je l'accompagne, en répét', ou durant l'concert, j'adapte, d'instinct, mon jeu en fonction du moment, et de son interprétation du moment. Et ... je ne fais jamais deux fois la même chose, non plus.

Elle m'a d'ailleurs dit : "C'est fou comme tu me sens bien !"

Quant à mes différences de jeu, ça n'a jamais l'air de la déstabiliser (sauf : quand je prends un ton trop haut pour elle).

 

Quand j'accompagne, à d'autres moments, lors d'autres spectacles, mon amie Cathy Zeroug (ça fait quinze ans que ça dure), je m'y prends de la même façon.

 

Et même quand je suis sur scène ...

 

J'utilise volontiers ma guitare comme support, mais jamais de manière continue. Il se trouve toujours un moment où je m'arrête de jouer ... pour mettre un mot en évidence, pour prendre une personne du public à témoin ...

Ma manière de faire plaît beaucoup à certains, déplaît à d'autres ...

 

Et, en toute légitimité, ma chérie me dit : "Je suis tellement sensible à ce que je vois ... que tous tes a côtés m'empêchent parfois d'écouter vraiment tes chansons"

 

J'en prends note. Même si je resterai toujours celui que je suis (faut pas se renier). Mais ... d'accord, un morceau de guitare qui est plus fluide, qui coule, c'est important (aussi) pour un auditeur. Et ... j'aim'rais aussi (sans me renier), y arriver (ou ... m'en approcher). Si, un jour, c'est le cas, eh bien, j'en serai très content.

 

Un autre commentaire de ma chérie à mon égard ...

 

"Au début de ta prestation, ta chanson "LES MOUTONS", j'aime moins, tu le sais ... je retrouve ton côté revendicard du début que je te connaissais ..."

 

C'est pas faux.

 

J'ai écrit "LES MOUTONS" en 1995. Elle figure sur mon premier CD, sorti lui-même en ... 1997.

 

Depuis lors, plein d'eau a coulé sous les ponts, j'ai vécu plein de choses, plein de certitudes sont parties.

J'ai été hyper revendicard durant des années. Et si mes opinions, encore à l'heure actuelle, gardent leur direction, j'ai appris à me nuancer et à développer ... mon côté tendresse (pas mal de gens me le disent).

 

Ceci dit, même si "LES MOUTONS" date de 1995 ...

 

A l'époque, je dressais déjà un bilan sur mon côté revendicard, qui s'allégeait déjà. Ce n'est pas un hasard si je démarre mes trois premiers couplets par : "Je n'en veux plus aux moutons ...". Ce n'est pas un hasard, si, dans le dernier couplet, je dis : "Je n'en veux plus aux moutons ... et j'en fais même partie quand ça m'arrange ou quand je crois en avoir envie"  (je ne me posais déjà plus en donneur de l'çons).

 

En 1995, j'avais déjà ... treize ans de chansons.

 

Et "LES MOUTONS" résumaient déjà, fermaient déjà un volet de toute une série de chansons "revendicardes" écrites entre 1982 et 1990 : "LES RECUPERES", "LES RIEURS", "LES CONSEILLEURS", "LES INTERMEDIAIRES" ...

 

Dans le courant de cette année (en train de se terminer) ...

 

J'ai aussi retouché certaines phrases, certaines tonalités musicales, dans "LES MOUTONS". Je voulais aussi tester ma nouvelle version ... en public.

 

Mais, bien entendu, ma chérie est auditrice (comme tout un public) et reçoit une chanson avec ses yeux, avec son coeur.

 

Quand je lui ai fait part de toutes les nuances, propres à ma chanson "LES MOUTONS" (que j'évoque ici plus haut), elle m'a encore répondu : "Oui, mais le terme moutons, je n'aime pas".

J'écoute. Et ... j'approuve, quelque part.

Dieu sait si j'aime de moins en moins, je n'aime pas, je déteste ... les généralisations, les affirmations, les jug'ments de valeur.

 

Et ... un dernier regard de "ma belle" dans ma prestation :

 

"Tu as introduit chacune des deux parties en jouant de l'harmonica ... or, dans les deux cas, tu jouais de la même façon ... un peu comme si c'était deux fois la même chose ..."

 

Intéressant ! Intéressant !

 

Evidemment, je ne m'en suis pas rendu compte, au moment où je prestais.

 

Mais ... j'y suis attentif.

 

Et sur la chanson "A TOI, TOI ..." (avec laquelle j'ai démarré la s'conde partie, morceau avec lequel ma chérie accroche), je veill'rai, la prochaine fois que je le chant'rai (dans l'métro, par exemple) à bosser sur les nuances musicales.

 

L'année 2011 s'annonce sous d'heureux auspices.

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