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journal de bord, mercredi 19 janvier 2011

Treize heures passé.

 

Premier coup d'sang : la banque "Dexia", rue des Champs, où j'ai l'habitude de porter mes sous (en vue de les remettre sur mon compte, de renflouer mon budget) est momentanément en travaux. Les guichets sont indisponibles jusque ... vendredi. Une roulotte, sur les côtés, sera, dès lors, en fonctionn'ment.

 

En attendant ...

 

Je me retrouve, Gros Jean comme devant. Avec, sur les bras, la boîte en fer (lourde et dont le couvercle ne tient plus), dans laquelle j'ai regroupé mes pièces de monnaie. Merde merde merde. C'est lourd. J'avais, aujourd'hui, le temps de les porter. Je me suis donné la peine de les rassembler, ces sous. Je me suis donné la peine de franchir trois grand' rues, boîte sur le bras, pour éviter que les sous tombent par terre. En trimant, en ch'min, vu la lourdeur de la boîte (mais ... en sachant qu'au bout du ch'min, je m'allèg'rais). Faut dire : j'avais l'temps, aujourd'hui. Je ne bosse pas.

 

Paf ! Je suis heurté, essoufflé, agressé dans mon élan. Trop vite. Comme si j'étais décoiffé. Comme les gars de mon âge, quand j'avais dix ans, qui me criaient "Hugues !" et me balançaient une boule de neige dans la tronche quand je me retournais.

Paf ! Je dois m'organiser autrement. Avec la fameuse boîte en fer ... qui contient toujours autant d'sous. Avec la fameuse boîte en fer ... qui devient une chaîne, une menotte. Et y a pas de chaise pour m'asseoir. Pas un pote, à proximité, pour m'alléger de mon poids, pour me rassurer.

Et ... je crève la dalle. Brusquement.

Et ... j'imagine, je vois plein de gens (autour de moi) rire du burlesque de la situation (ma mère, en tête).

 

Je rentre dans le premier snack venu. Pas loin de l'Avenue de la Chasse. Des gens, devant moi, juste devant le bar, qui ne me voient pas, et donc ... ne me laissent pas passer. Le coup d'sang se poursuit. Alerte. Vite, une table ! Vite, un espace ! Vite, une délivrance !

 

"Calme-toi !", me disent ... les censeurs habituels (ma mère, sa cousine, un de mes frères ou ... moi-même). Allez, une fois d'plus, mon cerveau s'emballe, s'empale.

 

Allez vous faire voir, fantômes diaboliques éternels ! Quand comprendrez-vous que ... plus on dit "calme-toi !" (même avec la plus grande des bienveillances), on induit, on suscite, on excite l'agressivité de l'autre (par le simple fait ... qu'on lui rappelle son énervement) plus qu'on ne le calme, plus qu'on ne l'aide.

 

Arrivé à une table ...

 

C'est pas tout. L'étroitesse des pieds de la table, entre lesquels je tente (en vain) de poser "la boîte en fer avec les sous" et mon sac-à-dos vaut un premier acte âu théâtre. Et ... quand j'arrive à trouver un endroit potable, eh bien, y a encore le bruit, la détonation de la boîte (lié au moment où je lâche la boîte et où elle atterrit sur le sol) qui résonne. J'en frémis.

 

"Tu ne sais pas faire un peu moins de bruit, Hugues ?", me lance, cinglant, péremptoire, sarcastique, sévère, un nouveau censeur intérieur.

"Mange silencieus'ment, Hugues !", me lançait, cinglant, péremptoire, sarcastique, sévère, mon père, aux p'tits déjeuners en famille, quand j'étais p'tit et que je n'étais (involontair'ment) pas discret en mangeant.

"Tu vas à moto, Hugues ?", me lançait, cinglant, péremptoire, sarcastique, sévère, ironique, cassant, mon père, lorsqu'à table, j'écartais (invlontair'ment) les coudes et que je ne laissais (involontair'ment) pas trop de place aux autres.

 

Ensuite (rev'nons dans le snack) ...

 

Afin de m'asseoir le plus confortablement possible, je recule un peu la chaise. J'essaie, avec tout mon coeur, de ne pas faire trop de bruit. Vraiment, j'y mets toute la gomme. Mais malgré tout, ça grince quand même.

 

"Tu ne sais pas faire un peu moins de bruit, Hugues ?", revient, implacable, à la charge, le censeur intérieur. J'implore sa pitié, son pardon.

Il ne répond pas. Son silence à ma demande est formel, implacable.

Pire : plus je demande, plus j'accentue la dépendance.

"Tu ne sais pas faire un peu moins de bruit, Hugues ?", poursuit, froid'ment, logiqu'ment, le censeur (mon père ? un de mes deux frères ... qui fait p'têt autant de bruit que moi ? mon cousin ? moi-même ?).

Je n'ai plus qu'à acquiescer. Je n'avais ... qu'à savoir.

 Phobie ? Traumatisme ? Eveil tardif ?

 

Et voilà que dans le snack, où tout s'agite, une serveuse arrive dans ma direction.

"On a pris votre commande, monsieur ?"

"Oui", je réponds.

 

La serveuse s'en va ... vers d'autres tables. En une fraction de seconde, je réalise que ... j'aurais du dire "non". On n'a pas pris ma commande, en réalité. Quelqu'un est déjà passé, y a cinq minutes, avec le menu et m'a demandé ce que je prenais. Et j'ai répondu que ... j'allais regarder (j'ai besoin de temps pour me calmer, respirer et choisir mon plat). J'ai du associer le "On a pris votre commande ?" avec "Quelqu'un doit-il encore prendre votre commande ?". Les serveuses ont l'habitude, le devoir de travailler vite, à la chaîne, sans traîner, surtout à l'heure du coup d'feu. Rend'ment, rentabilité oblige. Et ... la serveuse qui m'a dit "On a pris votre commande ?" parlait vite, sans articulier, d'une voix basse. Tant pis si l'autre n'arrive pas à suivre !

 

Cinq, dix minutes.

Trop tôt, encore, pour me calmer.

Trop tôt, encore, pour obéir, souscrire, me soumettre aux ordres "bienveillants" des censeurs intérieurs, moraux qui ressemblent comme deux gouttes d'eau à des milliers, des millions, des milliards de censeurs éparpillés dans les méandres de la réalité quotidienne.

Oui, le temps fera l'affaire. Oui, les cinq prochaines minutes feront l'affaire. Mon corps se sera acclimaté. Mon corps, mon coeur s'apais'ront, s'apais'ront d'eux-mêmes.

 

En attendant ...

 

Une petite fille, à la table juste devant moi, rit de toutes ses dents, en me regardant. Elle prend même à témoin son p'tit frère, à côté d'elle. Et elle dit, tout haut, à ses parents : "Il ressemble à un clown !". Son père ... lui fait la l'çon. Son père ... l'engueule.

 

Cinq secondes plus tard ...

 

Le père de la p'tite fille qui rit du clown ... se retourne vers moi, comme pour excuser sa gamine. Sa barbe de trois jours (à la Gainsbourg), sa tronche toujours en train de bouffer et le ton de sa voix qui manquent de classe m'indiquent à quel point, secrèt'ment, il se fiche peut-être plus violemment, plus méchamment de "ma tronche de clown" ... que sa gamine.

 

Voilà, voilà.

 

Je ré-émerge.

 

Je prendrai, d'ici dix minutes, le tram 81, avec mon sac-à-dos, ma "boîte en fer avec les sous", jusqu'à une autre banque "Dexia". Après tout, j'ai l'temps.

 

En attendant ...

 

Hier soir, j'ai rêvé qu'on m'attendait pour chanter. Manque de bol : je n'avais pas ma guitare avec moi. Merde merde merde. Ouf : j'avais quand même mon ukulélé avec moi. Merde merde merde : la position des doigts, pour les accords, n'est pas la même que sur la guitare. Je me raisonne : Hugues, tu te débrouill'ras. Au moment précis où cette pensée a débarqué dans mon rêve, je ne retrouvais plus mon ukulélé.

 

En attendant ...

 

Les médecins généralistes n'auraient plus de droits de tirage sur les budgets perdus. Une ministre considérerait que cet argent serait destiné à couvrir les actes pour les patients. Je n'y comprends rien. Que signifie l'expression "droits de tirage" ?

 

En attendant ...

 

Y avaient des jours de congé, subit'ment, qui se présentaient, hier matin, au boulot. Je n'ai pas hésité.

 

Faut dire : la veille, je n'avais pas dormi.

 

Faut dire : la veille, au soir, je m'étais rendu chez une nouvelle amie de rencontre, qui joue de l'accordéon diatonique et qui aim'rait chanter.

 

 Ah ! Ca pourrait fonctionner : elle a une superbe voix, une beauté dans le regard et le sourire, elle connaît beaucoup de chants du répertoire folk, je pourrais l'accompagner à la guitare quand elle chante et elle pourrait faire des s'condes voix sur mes morceaux. Nous avons pris (ensemble) du bon thé, croqué d'heureuses baies de ... (j'ai oublié le nom). Nous avons parlé, parlé. Beaucoup d'émotions sont sorties de part et d'autre. Bien.

 

Faut dire : quand je suis parti de chez elle (il était plus de 22 heures, déjà), je devais encore refaire une partie du ch'min à pied, reprendre un métro, réarpenter deux ou trois rues (longues) à pied, avant de retrouver ma maison.

 

Faut dire : quand on passe une soirée de qualité, où les émotions, les joies, les peurs agissent, le corps devient volontiers rebelle une fois qu'on s'installe en d'ssous de la couette et qu'on tente de fermer les yeux pour s'endormir.

 

Bon bon. Je ne regrette rien.

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