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journal de bord, mardi 25 janvier 2011

Chanter en public, se produire en public est un défi contre soi-même. Un corps à corps. Une espèce de corrida. Une histoire d'amour, en quelque sorte.

 

On a beau répéter au préalable, envisager toutes les stratégies possibles, utiliser les "ficelles" qu'on a déjà utilisées des milliards de fois, tout se joue au moment où le concert se passe.

 

Bien entendu, quand on chante, on reste son premier public. Il y a, à l'intérieur de soi, un acteur et un spectateur qui résonnent en même temps.

Parfois, souvent, les deux sont en désaccord parfait.

Parfois, souvent, les deux sont en accord parfait, en symbiose.

 

Je m'attarderai sur le dernier cas cité.

 

Quand je chante en public, le spectateur intérieur (que je reste) reste parfois étonné, soufflé des performances de l'acteur (que je suis aussi). Comme si un double agissait. Je ne veux pas tomber dans la mégalo, non. Juste ... me réjouir. Juste ... me dire : tiens, je suis arrivé à ça. Et, en plus, ça coulait de source, ça allait tout seul (à ce moment-là).

 

J'ai des exemples sous la main.

 

Y a quelques années, à Tubize, à un concours de chanson, où j'avais participé ...

 

Je chantais "MES MAUVAISES PENSEES". Je terminais le quatrième couplet. Dans une salle agitée où la majorité des chanteurs (qui participaient) faisaient de la variété. Faut savoir que "MES MAUVAISES PENSEES"  fait cinq couplets, que je monte d'un ton en abordant le quatrième (couplet), et que je monte encore d'un ton dans le cinquième. Jusque là, OK.

 

Mais ...

 

Voilà qu'au moment où j'aborde le cinquième (couplet), le trou arrive. Je ne trouve plus mes repères, sur ma guitare. Je ne sais plus où je dois placer mes doigts.

 

Comme je dois agir vite (forcément, je suis en public) ...

 

Instinctiv'ment, plutôt que de me casser la tête à chercher les accords et de rompre le rythme de la chanson, je me surprends, à la seconde même, à entamer le dernier (couplet) a capella, sans accompagnement aucun.

 

Et voici que le public commence à taper dans les mains, comme si l'arrêt à la guitare relançait quelque chose, comme si ce chang'ment de ton coulait de source.  Surpris, étonné, heureux, surexcité (ah ! les tripes !), je joue à fond le jeu et j'en profite pour sortir de scène (afin de me rasseoir, dans la salle) dans la même atmosphère, en continuant à chanter a capella. Triomphe absolu.

 

Des années après, je racontais l'anecdote à un ami (artiste).

 

"Moi, c'est un truc que je ne ferais pas, j'aurais l'impression de tricher", m'avait-il dit.

 

Ca se conçoit. Jacques Brel n'aurait sans doute pas réagi autrement.

 

Quand à moi, dans l'histoire, je m'autorise (et ça me regarde) à penser autrement. Je n'ai pas le sentiment de tricher en utilisant des trucs (fréquents ou de dernière minute) en chantant. Que du contraire : je m'émerveille (et je m'y autorise) devant les possibilités, les capacités qui se présentent à moi, j'estime qu'elles font partie de moi et qu'elles m'aident à chanter, à m'exprimer. La jubilation que j'éprouve, en le vivant, est très forte et très sincère. Oui. Et ça n'empêche pas mon rapport avec le thème de ma chanson de rester sincère, non plus. Et ça n'empêche pas mon rapport avec le public de rester sincère, non plus. 

 

Tiens, j'ai le souv'nir d'une autre représentation ...

 

C'était à Mons, à la Maison de la Laïcité, dans une toute petite salle, en plus petit comité (y avait quand même pas mal de gens, ce jour-là).

 

Je disais un texte ("UN OISEAU", si mes souvenirs sont bons). Tout en tenant ma guitare, en vue de la chanson qui allait suivre. Le public était bon enfant. Arrivé à la quatrième phrase du texte, j'entends un clic nerveux. Une corde de ma guitare vole en éclats (sans doute la quatrième, celle de ré, c'est le cas le plus fréquent). Evidemment, au moment où ça se passe, on rit (un peu) dans l'assistance. Je ne me laisse pas décontenancer. Je diminue le rythme de vocal de mon texte, tout en le continuant. J'en profite, tout en me produisant devant les gens, pour prendre le temps d'enlever la corde de l'instrument, et d'en faire une espèce de jeu de scène, qui prend soudain des allures burlesques. Oui oui. Quand j'entame les cinq ou six dernières strophes de mon texte, je me retrouve avec la corde cassée ... en main. Allez-vous en savoir ce qui se passe en moi ... je poursuis mon jeu de scène en transformant ma corde en lasso, je la fais tourner comme un ventilateur devant tout le monde. Et ... je termine mon texte, ainsi. Dans la joie. Dans la bonne humeur. Dans l'euphorie.

 

Et ... les trois dernières chansons, je les ai chantées avec ... cinq cordes à la guitare. J'y ai même pris mon pied. Les trouvailles (plutôt que les manques) étaient au rendez-vous.

 

Je pourrais en écrire, des pages, des pages, des pages.

 

Mes derniers étonn'ments (d'acteur et de spectateur conjugués), en date, se situent samedi dernier, à la péniche "Carpe Diem", à Thuin, lors d'un concert pour une famille en difficulté.

 

Là, je me suis risqué à utiliser le ukulélé sur scène. Et ... ça n'a pas trop mal marché.

 

 Le matin qui précédait cette soirée (légendaire), je ne savais toujours pas jouer de cet instrument. Mais mon pote Philippe Mai, qui était à la base du projet de cette soirée, qui joue lui-même de cet instrument, m'avait montré, dans l'après-midi, lors des répétitions, la position des doigts pour l'un ou l'autre accord de base (il a même eu la gentillesse de m'imprimer tous les accords ... avec les positions des doigts).

 

Dans un premier temps, je m'étais dit : mouis, c'est un peu risqué, au pied levé, de chanter avec le ukulélé, en public, déjà, non, c'est trop tôt. Parallèlement, l'envie de le faire me gagnait déjà tout entier. Comment résoudre le dilemne ?

 

Je me suis raccroché à une chanson,"ODEUR DE PLAGE". Déjà, le thème inspire, à mon sens, la crédibilité du ukulélé. Manque(nt) plus que les palmiers ! Quant aux accords (de sol, de la, de fa) qui caractérisent ce morceau, je les avais déjà plus ou moins ret'nus.

 

J'ai d'abord passé le temps qui précédait mon passage (pendant que les trois potes, avec lesquels je faisais le spectacle, chantaient) à remémoriser ces accords.

 

Et quand ce fut mon tour, j'ai mis mon projet à exécution. J'ai d'abord récité un texte que j'avais prévu. Et ... je me suis autorisé, au final, à prendre le ukulélé et à entamer ma chanson. Bien sûr, je me suis contenté d'un couplet. Pour une première, ça me paraissait suffisant. Mais ça ne jurait pas. Au contraire : ça donnait p'têt une nouvelle note (pourquoi pas ... une cerise sur le gâteau ?). J'étais surtout fier (de moi), à l'idée de l'avoir fait. Hi hi hi.

 

Elle était formidable, cette soirée, à Thuin, à la péniche "Carpe Diem", sam'di dernier. Je pourrais, à, son sujet, en écrire, en écrire, des pages, des pages. Encore et encore. Mais ... en aurai-je le temps ? Trouverai-je les mots ?

 

Si j'étais certain que, demain, à pareille heure, d'autres événements (inévitables), ne prenaient pas trop de place, eh bien j'en profit'rais pour en parler dans le "journal de bord" suivant.

 

Mais ... restons-en à aujourd'hui.

 

Juste un dernier point, concernant cette soirée.

 

Je me suis réjoui de retrouver, pour le concert, Philippe Mai, Miche Stennier et Jean-Marie Dollé, qui, non seul'ment sont des chanteurs de talent, mais aussi ... des potes avec lesquels le courant passe super bien.


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