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QUAND LA MATIERE INCARNE LE DISCOURS
Du 16-01 au 03-02-13, L’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), propose une exposition intitulée SENTIMENTS ET COULEURS, consacrée à Monsieur JIM AILE, un peintre Belge dont les œuvres ne manqueront pas d’en surprendre plus d’un par leur intensité plastique.
Dès le premier contact visuel avec l’œuvre de JIM AILE, l’on ressent l’impression d’un trouble physiquement exprimé par la manifestation d’un trop plein de quelque chose. Ce « quelque chose », c’est la matière. Son œuvre se caractérise par une prédominance de la matière. En fait, sa peinture est essentiellement « matière », étalée de la façon la plus brut, souvent par une touche travaillée au couteau, laissant sur la toile son empreinte existentielle.
L’on pourrait presque parler de « concerto » pour chaque œuvre de l’artiste, tellement un combat pour la vie s’engage entre la toile et la couleur. Et ce combat est, en quelque sorte «arbitré » par la matière qui souligne la couleur en la scellant sur le support.
Certaines toiles sont tellement pleines de cette matière qu’elles prennent l’aspect de pièces transitoires entre la peinture et la sculpture, à un point tel que le terme d’œuvres « mobiles » pourrait être appliqué, tant les éléments extérieurs s’ajoutent au chromatisme pour former un tout hautement plastique.
Parfois, le sentiment que la toile suffoque sous la matière nous saisit. Néanmoins, ce qui lui permet de respirer, c’est à la fois la lumière ainsi que l’éventail chromatique.
La démarche créatrice de JIM AILE qui n’a jamais fréquenté d’académies est fort proche de celle de POLLOCK, en ce sens que posée à même le sol, l’artiste évolue sur ses contours en utilisant la technique du « dropping », technique qui consiste à laisser couler, goutte par goutte, la peinture sur la toile, jusqu’à former un ensemble harmonique.
Si l’artiste donne souvent l’impression d’être éclectique concernant ses influences éventuelles, c’est parce qu’il cède à l’extériorisation d’une émotion qu’il s’efforce à traduire en couleurs.
Cette traduction sur tous les tons de la palette atteint, en quelque sorte son paroxysme, dans la volonté de l’artiste à inviter le visiteur à toucher ses toiles !
Oui, oui…vu avez bien lu ! JIM AILE vous permet de les toucher ! Plus que tout, il le souhaite ! Le toucher devient pour lui la phase finale du contact, son aboutissement. Il débute avec le regard qui appréhende l’œuvre de loin. Petit à petit, il s’en rapproche pour arriver à l’atteindre. Mais là où d’aucuns ne permettraient jamais au visiteur de « souiller » l’œuvre par le toucher, pour que celle-ci demeure « immaculée », voire inviolée par la main humaine, JIM AILE, lui, invite quiconque voudrait la toucher à le faire, dans le but à la fois de s’en imprégner mais aussi pour mettre un terme au voyage du regard, venu de loin, par la prise charnelle de la main sur le corps de l’œuvre.
Les œuvres sont accompagnées d’un texte séparé du tableau que l’artiste envoie au domicile du visiteur si celui-ci est intéressé de le recevoir.
Dans OSE (160 x 100 cm),
nous entrons dans l’élan vital, aboutissant à la démarche créatrice. OSE, à l’impératif, marque un commandement, celui de se lancer à corps perdu dans l’acte créateur. Cette œuvre témoigne surtout d’un changement de cap drastique dans la vie de l’artiste. Lassé de sa position sociale ne lui apportant pas assez de réponses à ses questions existentielles (il était à la tête d’une banque au Japon), il décide de se consacrer pleinement à la peinture. OSE est l’injonction créatrice d’une détermination vitale et rageuse.
LUX FIAT (120 x 160 cm)
est indubitablement l’œuvre la plus calme de la série présentée. Elle témoigne du besoin de la lumière estivale perdue au cours de l’automne. Le jaune est, bien entendu, le centre de la création, à l’intérieur de laquelle gravite une constellation d’éléments festifs aux couleurs tendres qui rappellent la douceur de l’été.
THE END OF THE WORLD ? CHANGE OF SPIRITUALITY I et II (100 x 160 cm)
est l’expression d’une phase révolue basée sur l’irruption d’un changement brutal, à savoir la fin du monde. Certes, elle n’a pas eu lieu malgré les prédictions mayas !
Néanmoins, elle rend compte des changements d’états dictés par l’évolution sociale. L’œuvre « grouille » de business cards et de cartes de visite. Tels les vestiges d’un monde révolu, elle témoigne de la vision d’une déchéance sociale.
Ces cartes de visite sont, en quelque sorte, les vestiges archéologiques d’une société dans laquelle sans un distinctif servant d’identifiant social, vous n’êtes plus rien. Comme nous l’avons mentionné plus haut, des éléments extérieurs (cartes de visite, business cards…) se greffent à la toile dans le but d’être touchés par la main du visiteur.
WHERE IS THE FLAG ? (96 x 96 cm)
Le drapeau belge atomisé ? Cette myriade d’électrons libres fuyant dans l’espace se veut une vision personnelle de la réalité politique belge. Le noir, le rouge et le jaune semblent évoluer sous la loupe d’un microscope. Cette œuvre est, selon l’artiste, la métaphore d’une situation politique traduisant l’absence d’harmonie communautaire au sein d’une même société. Une parabole sur une mécanique autodestructrice.
GREEN IS GOOD (96 x 95 cm)
introduit la nature dans une expression sauvage où la matérialité du discours se retrouve dans le traitement de la matière étalée au couteau.
A JOY FUL FISH IN A GREEN POND (100 x 160 cm)
se veut, aux dires mêmes de l’auteur, un autoportrait lequel reprendrait les épisodes d’une vie antérieure dans l’univers de la banque. Un temps presque intemporel qui nous concerne tous, en tant que poissons joyeux, évoluant dans l’étang des responsabilités, et ce quelle que soit la teneur de l’eau.
JIM AILE qui s’exprime en technique mixte, est un autodidacte d’origine belge et italienne du côté de sa mère, originaire du sud-Tyrol (partie germanophone d’Italie), européen de culture et polyglotte qui peint depuis cinq ans, dont le rêve est d’exposer dans des galeries permanentes. Un artiste-magicien qui jette ses couleurs sur la toile comme un dieu jetterait ses sortilèges. Son dialogue avec la matière nous surprend et nous interpelle sur la nécessité créatrice.
François L. Speranza.
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