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Jeux rustiques et divins

12272733086?profile=originalLes « Jeux rustiques et divins » sont un recueil poétique d'Henri de Régnier (1864-1936), publié à Paris au Mercure de France en 1897.

 

Déjà connu par plusieurs recueils de vers publiés de 1885 à 1892, Henri de Régnier fut salué comme le plus grand poète de sa génération pour les Jeux rustiques et divins, où il inclut "Aréthuse" publié isolément deux ans plus tôt.

 

C'est précisément "Aréthuse" (dédié à José-Maria de Heredia, dont Régnier avait épousé la fille Marie, qui écrira sous le pseudonyme de Gérard d'Houville), qui ouvre le recueil. S'y succèdent "Flûtes d'avril et de septembre"; une sorte de drame symboliste, "l'Homme à la Sirène" (dédié à Vielé-Griffin, un ami d'enfance du poète) et un autre "Flûtes d'avril et de septembre" (dédié à Mallarmé). Après "Aréthuse" viennent trois gerbes de poèmes, "les Roseaux de la flûte" (offerts à Pierre Louÿs, qui avait épousé une autre fille de Heredia), les "Inscriptions pour les treize portes de la Ville" (pour le critique Ferdinand Brunetière), "la Corbeille des heures" (pour André Gide). + ces ensembles relativement organisés font suite des "Poésies diverses".

 

Tous ces vers évoquent le monde des années 1890-1900 - le salon de Heredia, ses gendres et ses admirateurs -, monde qu'André Gide a dépeint sans trop de nostalgie dans Si le grain ne meurt. Avec son guetteur, ses sirènes, sa variété métrique, "l'Homme à la Sirène" rappelle Maeterlinck et la poésie symboliste. Ailleurs il est visible qu'Henri de Régnier, comme Gide, comme Valéry, comme Moréas, essaie de s'en évader: il revient à la versification régulière, il vise à plus de simplicité, il se souvient de Heredia, le beau-père vénéré, et d'André Chénier; sans doute rêve-t-il d'inscrire le symbolisme - ce langage qui se veut toujours mystérieux, presque sacré, puisque les signifiés ne sauraient être précis et doivent se dérober, quand on croit les étreindre - dans une harmonie classique: issus de la Mythologie, les centaures et les faunes font de belles images, rappelant l'Hercule des Trophées et la Néère des Bucoliques, et permettent de glisser de Mallarmé à Virgile. Il est parfois des réussites - des vers à demi chuchotés qui paraissent s'évaporer, et suggèrent d'ineffables mélancolies. Le plus souvent les thèmes restent un peu grêles - amour et érotisme, fuite du temps, travail du poète, panthéisme - et le recueil paraît rassembler des exercices de style menés avec conscience, avec application même, plutôt que des oeuvres inspirées. C'est peut-être cela le secret de la mélancolie de Régnier: tant de paroles élégantes, d'alliances savantes de mots pour suggérer un au-delà inaccessible derrière les grâces des vers et la ténuité des idées. Un poète qui s'applique et qui se cherche, et qui n'offre, au fond, que des cendres.

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