C’est dans la maison de retraite où ses enfants l’avait placé à la mort de sa femme qu’il me l’a raconté.
Jerry qui fût son ami d’enfance avait été parmi les premiers à étrangler un soldat allemand pour lui prendre son arme. D’autres juifs l’ont fait après lui. Et la révolte du ghetto de Varsovie a éclaté.
Ce sont des juifs qui craignaient pour leur vie qui l’ont dénoncé. Il leur en restait si peu en réalité. Ils le savaient mais l’espoir fait vivre. Peut être lui ont-ils rendu service.
Les Allemands l’ont collé contre un mur. Un officier a crié : feu ! L’un des soldats s’est retourné, la main au ventre, et a vomi. Il a dit : j’ai du manger quelque chose que mon estomac n’a pas supporté, saleté de nourriture polonaise.
Ils l’ont abandonné. Il est resté replié contre le mur jusqu’à ce que la nuit tombe. Les rares passants s’écartaient. L’un d’eux s’est approché et a craché sur son visage.
- Un juif aurait dénoncé par un autre juif ? Il le condamnait à mort ?
- Oui.
- Un juif ? Un autre juif ? Son frère ?
Il secoua la tête.
- J’y ai beaucoup réfléchi. C’est quoi un juif ?
Il y eut un moment de silence.
- Niemeyer, un pasteur je crois, en a accompagnés au camp, une femme, elle aussi en a accompagnés au camp.
Il se tut à nouveau.
- Cela ne compte pas qu’ils fussent juifs ou non. Ce qui compte, c’est qu’ils soient des hommes, des frères. Oui, je sais. Ceux qui l’ont dénoncé, celui qui a craché, jusqu’à ceux qui ont tiré et jusqu'à l’officier qui a crié feu avant de lamper une rasade de schnaps, tous étaient des hommes. Ses frères !
- Tous les hommes se ressemblent depuis toujours.
- Pas tous. Pas tous.
Commentaires
Pas tous pas tous ..... Heureusement.
Mais quelle mansuétude de la part de cet homme alors qu'il est si difficile de pardonner.
Connaissez-vous la recette ? Si oui, je suis prenante.
Bonne soirée. Rolande.