Dans le goût de Fatras possibles [1] :
Fantaisie obaldienne sans queue ni tête,
Passant du coq à l’âne ? Voir !
en forme de consonances, de points sur les i…
En paysage pas sage d’Obaldie[2]
Versant inverse de La Boétie ?
Où Facétie chasse Mélancolie
Sans, pour ce faire, la moindre vilenie,
Où chagrin et grisaille, à l’envie
Font grise mine, que croyez-vous, pardi,
Qu’on y fit, hormis des jeux d’esprit
À Dieulefit ? Neuvaines à complies ?
Que nenni ! Qu’on se le tienne pour dit !
Relever le défi, certifie
D’éloigner mille ennuis, mille soucis,
Au profit de si beaux Paradis,
Que tendres en sont les Nuits… d’insomnies !
Que dire de ces loufoqueries inouïes
Enfants de gente Dame Poésie,
Fruits d’une libre et folle fantaisie,
Sinon, qu’elles relèvent de nulles lubies,
Pas plus que d’un vulgaire compromis,
Source de noires images, de conflits,
Pari pris de maints partis pris, pis,
Sans envie, et en catimini !
Aussi, dégagés d’a priori,
Qu’attendez-vous, je vous prie, Amis,
Pour nous rejoindre en terres d’Obaldie
Où, s’esquisseront à l’infini
de doux ris et délicieux souris
ô combien, infiniment exquis
Illuminant les physionomies ?
N’attendez pas a fortiori
De boire le calice jusqu’à la lie,
De tomber de Charybde en Scylla
Surtout pas ! Et de grâce, ayez foi,
Dans les pouvoirs du Maitre Obaldia
Autant qu’en celui de Ma mère l’Oye[3],
Qui, munificent, vous tend les bras,
les clés de son vert Paradeska [4]!!!
« Bizarre, Bizarre, » prétendent les narquois,
les sceptiques vénérant Saint Thomas,
Ceux qui doutent même d’un doigt, de c’qu’ils voient !
« Bizarre, vous avez dit Bizarre ? Ah ?
Et bien, « Comme c’est étrange » … Étrange ? Soit !
Moralité :
Dévots du rationnel, les Fatras
Innocentiens [5]à la Obaldia,
Poèmes pas si innocents que c’là,
Cultivant le coq à l’âne, hop-là,
Ou des comptines de chat qui pêcha
Une ancienne diva, rat d’l’Opéra
Chantant a capella et en fa
L’air yiddish d’un violon sur le toit,
Vous n’les comprendrez pas…patatras !
Et il en adviendra c’qu'il pourra
C’qui devait arriver… arrivera :
Déconfit votre minois sera, oui da !!!
À moins que Balqis, reine de Saba
intercède en faveur de votre cas !
Enfin, qui vivra verra, n’est-ce pas ?
Alléluia.
Valériane d’Alizée
Le 24 Mai 2012
Obéron et Titania
Œuvre de Susan Herbert
D'après Le Songe d'une Nuit d'Été de William Shakespeare
[1] : Fatras et Fatrasies sont des termes désignant des formes poétiques d’origine ancestrales, liées au Nord de la France des Trouvères, y compris Picardie et Artois, fort prisées à l’époque médiévale entre le XIII et XIVème siècle en ce qui concerne les dernières, perdurant aux confins de la Renaissance pour les premiers, cultivant le non sens mais pouvant en fait dissimuler un message… Les Fatrasies les plus connues sont celles anonymes dites d’Arras et celles de Philippe de Beaumanoir … Tant qu’au Fatras possible (dont le contenu est porteur de sens) selon les rhétoriqueurs, il se distingua de son frère le Fatras impossible (dont le contenu est dénué de logique) à partir du XVème siècle… Il faudra attendre le XXème siècle pour redécouvrir ces deux genres, grâce notamment aux surréalistes Georges bataille et Paul Éluard qui les inclurent au sein de leurs anthologies poétiques respectives. En 1966, Jacques Prévert intitula l’un de ses recueils Fatras cultivant cet art de passer du coq à l’âne, tout en se libérant des formes développées au Moyen-âge…
[2] : Allusion à l’écrivain-poète René de Obaldia
[3] : Allusion à la figure de Charles Perrault.
[4] : Locution désignant le jardin persan mythique à sa source originelle…
[5] En référence au recueil poétique drolatique de René de Obaldia baptisé Innocentines, publié en 1969, et sous-titré par l’auteur « Poèmes pour enfants et quelques adultes… »
Commentaires
Et si vous me disiez honnêtement, sans fioritures, ce que vous pensez de cette "pièce pittoresque" ?