Gilles Auger vient tout juste de quitter la campagne vierzonnaise pour poser son sac de voyage à Bourges dans le quartier de l'aéroport et nous sommes convenus d'une exposition de ses oeuvres dans les locaux de l'Association PEGASE et l'Odyssée du savoir, 19, rue Jean-Jaurès à Bourges (à l'angle de la rue Jean-Jaurès et de la rue des Poulies).
Gilles Auger m'a montré ce matin des photographies et j'ai eu le coup de foudre pour ces oeuvres intenses et violemment colorées, où dominent les couleurs du sang, de la lumière et de la mort... des oeuvres apparentées à "l'art brut" qui vous prennent aux tripes et crient plus qu'elles ne parlent...
Car Gilles Auger peint comme on crie : "Au feu !"... "de la peinture à l'estomac", pour reprendre une expression de Julien Gracq à propos de la (vraie) littérature.
Gilles Auger m'a parlé de ses voyages à travers le monde... aux Antilles, en Afrique du Nord... d'un séjour inoubliable qu'il fit jadis au Maroc, sur les hauteurs de Tanger, une ville qui l'a beaucoup inspiré.
Il m'a parlé de son oeuvre, de ses sources d'inspiration : l'amour-la mort, la solitude, la condition humaine dans toute sa nudité...
Si la modernité consiste à supprimer le superflu, le décoratif, le "joli", pour aller à l'essentiel, si être moderne, c'est jeter son cri, sans se soucier des conventions et des précautions... alors Gilles Auger est intensément moderne, moderne comme Duchamp, comme Basquiat, comme Francis Bacon. Et tant pis pour les nostalgiques de la peinture décorative !
Nous avons discuté à bâtons rompus de tout et de rien : de Georges Bataille, des belles automobiles des années 30, de Nabokov, du street art, de Jean-Michel Basquiat, dont il se sent proche, du surréalisme, de Marcel Duchamp, d'Andy Warhol, de Jean Dubuffet, parlé de religion (la vraie et la fausse), de philosophie et j'en passe... déploré un système étouffant, insidieusement totalitaire où les penseurs, les créateurs et les artistes ont de plus en plus de mal à trouver leur place...
Ce "gaucher contrarié" - comme Léonard de Vinci ou comme Freud, ajoute-t-il avec humour, cet "anarchiste raffiné", ce "primitif cultivé", ce "révolté sociable" a puisé son inspiration dans une blessure ancienne : "La création naît souvent d'un choc, d'un traumatisme originaire... c'est mon cas. La peinture est pour moi une thérapie."
"L'homme qui peint contre la société qui dort", pourrait-on dire à son sujet, en paraphrasant le philosophe Alain...
Bienvenue à Bourges, cher Gilles Auger... et puissiez-vous retrouver très vite des conditions favorables pour concevoir d'autres "enfants terribles" pour secouer notre torpeur !
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