8 heures, il est là debout au coin de la rue, avec son chapeau noir et sa canne. Il regarde la fenêtre au deuxième étage juste en face. Les gens du quartier ne le connaissent pas. Il l'appellent le "p'tit vieux du home des Lilas". Quand on le salue, il ne répond pas, il marche sur le trottoir sans voir les gens. Souvent, il parle tout seul.
Chaque matin, il est là. Il regarde toujours la même fenêtre. Il sourit, parfois une larme coule sur sa joue.
Derrière sa fenêtre, Léa l'ado a remarqué le manège du p'tit vieux. Il lui fait un peu peur. Il n'a pas le même regard que les autres mecs posent sur elle. Mais, on ne sait jamais ce qu'un homme a dans la tête, surtout un vieux.
Elle sort quand il est parti.
Une infirmière vient le chercher. Il ne résiste pas, il se laisse raccompagner au home des Lilas.
Ouf! L'infirmière a terminé ma toilette et est allée s'occuper des autres pensionnaires. Elle n'est pas commode. Elle me parle comme si j'étais un vilain petit garçon qui n'a pas fini de manger sa soupe.
C'est l'heure, j'enfile ma veste, je prends mon chapeau et ma canne. Le petit déjeuner est servi dans la salle à manger mais d'abord, j'ai un rendez-vous.
Je me dirige vers la sortie. Dehors, je respire l'air printanier, l'air de la liberté. Elle sera là.
Le coeur battant, je marche en comptant mes pas. Au vingt-troisième, je m'arrête, je lève les yeux. Je vois sa fenêtre.
Presque aussitôt, elle s'ouvre, mon coeur cesse de battre. Elle apparaît avec ses longs cheveux blonds. Elle ressemble à un ange. Elle porte la robe à fleurs qui lui va à ravir. Son parfum de rose flotte dans l'air. Elle me sourit, me fait un signe de la main et me crie:
"Bonne journée Louis!"
C'est toujours la plus belle maman du monde.
D'un pas léger et le coeur joyeux, je pars à l'école...
Commentaires
Amitiés
Antoinette
très bien amené ce texte très touchant - bravo Antoinette !
Très joli texte ...amicalement Josette