En hommage aux petites bonnes à tout faire qu'on arrachait à l'école et faisait faire des travaux indignes d'une belle enfance. Un cri contre le travail des enfants dans tous les coins du monde.
Je n’ai jamais vécu l’enfance.
Depuis mes plus tendres années,
J’ai vu toutes mes fleurs se faner
Et en l’air partir mes fragrances,
Car la misère et la malchance
M’ont placée là où il n’y a pas
De place pour mes si jeunes pas
Ni de musique pour mes transes.
Le soir quand tous les vivants rêvent,
Je voguais loin dans mes souffrances ;
Je voyais jouir la belle enfance
Alors que mes jours, eux, s’achèvent
A servir les plus belles que moi,
A servir celles dont la richesse
A fait d’elles d’ignobles princesses
Moi, le Cendrillon sans éclats.
Car dans la compagne où je suis
Née entre chaume, faim et misère,
Le pain a un goût si amer
Que l’on en n’a jamais envie.
Enfance, doux âge de souvenirs !
J’ose à peine soulever ton voile
Où l’araignée s’est faite une toile
Cachant mes plus secrets désirs :
Des désirs simples d’une dite enfant
Qui a grandit à la naissance
Pour fournir une âcre pitance
A quatre bouches au père mourant.
Le matin quand le jour s’éclaire,
Quand les oiseaux de leurs nids s’envolent
Pour aller vivre ou à l’école
Je devais passer la serpillère
Ranger, racler, polir, laver,
Détacher gras, crasse et saleté,
Faire la cuisine mais sans manger
A ma faim que du pain, du thé !
Si vous parlez de votre enfance,
Si vous avez des souvenirs,
Sachez les garder et en rire
D’avoir eu ce bonheur intense.
Le mien ne peut être intégral
Tant que me manquent les vrais mots
Pour crier injustice si haut
Que le Ciel entende mon râle !
Commentaires
Dans le théâtre de la vie,
Khadija joue tous les rôles
Dans son imaginaire de poésie.
Que ce soit triste, sérieux ou drôle,
Tragique ou poignante comédie,
Ne craignez pas malheur pour elle,
Elle tisse et revit maintes vies
Et en revêt en toute sincérité l'habit
pour en goûter le sens de la moelle
et partager de ses frères humains
leurs destins et condition de vie.
C'est ce qu'une fois,
Chère Khadija
je disais de toi.
Mais cette fois,
Tu offres ta poignante VOIX
à celles qui n'en n'ont pas .....
Merci Claudine d'apprécier et de compatir, notre engagement était le seul moyen de sortir ces enfants de leur misère et leur souffrance, heureusement que maintenant des lois les protègent et incriminent ceux qui les exploitent et abusent de leur innocence. Merci encore de répondre à ce cri de la conscience.
Chère Khadija, cette histoire très réaliste et dure est malheureusement celle de beaucoup trop d'enfants encore aujourd'hui. Pauvreté morale, pauvreté des corps auxquels s'ajoutent parfois les coups. La balance de la vie a difficile a trouver un équilibre, le plateau tombe souvent vers l'injustice. Ce poème est tristement splendide, merci du partage. Claudine.
Merci Rébecca de laisser une aussi belle trace sous cet hommage universel engagé. Je suis une militante et des fois de petits textes comme celui-ci traversent le temps et l'espace et trouvent écho dans les cœurs qui sympatisent et adhèrent à une cause noble: contre le travail des petites filles!
Bonjour Joelle, merci pour tout: amitié, partage et commentaires édifiants. Moi aussi j'avais fait travailler des petites filles 2 fois déjà, c'était la tradition dans le pays mais c'était pour les faire sortir de la misère familiale étant trop tard pour elle d'aller à l'école, seulement heureusement le phénomène est éradiqué et l'état a instauré des lois interdisant cette forme moderne d'esclavage à laquelle je n'ai jamais adhéré. D'où mon cri de critique . Merci encore.
Images d'esclavage précoce très réussies.
Les sacrifices et la misère
d'êtres aussi petits
nous crèvent le coeur pour nos petits frères
humains sur la terre