Mon jardin côté cour me semble un cimetière.
J'y demeure figée, seule avec ma tristesse.
Des souvenirs vivants planent dans le silence.
Le grand monsieur m'aimait; il ne m'écrira plus.
- Et comment va l'amie Suzanne? Au cours des ans,
Il ressentait pour moi toujours même tendresse.
Monsieur le Président, moi j'osais l'appeler
«Mon bon juge», en ce temps lointain de ma jeunesse
Et quarante ans après quand je pus l'accueillir,
Homme fort devenu un vieillard malheureux.
Rien ne le consolait du décès de sa femme.
Il en voulait au sort trouvé inéquitable.
En ce jour de printemps, tout me semble éphémère.
Je me sens déroutée, perdue dans le silence.
Mon âme est alourdie par le poids du chagrin.
Non voilé par les pleurs, mon regard reste clair.
Le ciel est nuageux. À la tombée du jour
J'assisterai sans doute à une apothéose.
La splendeur est toujours source de joie intense,
Lors je me sentirai baignant dans la tendresse.
28 mars 1995
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