Ne retiendrai-je de ma petite vie
Que ce seul lieu bercé d’accents de paradis
Cette forêt , ce bois , appelé Emblise ?
J’y menais la fonction de châtelain du vent,
Au bon temps de l’été, celui de la brise
Qui frôle, douce, le visage des enfants.
Autour de cet havre forestier, les arbres
Nous cachaient des cheminées alignées,
Des maisons ouvrières, agglutinées
A ces usines du Nord, aux toits en zigzag,
Grises, huileuses, hurlant comme des vagues,
Cognant de fières falaises de vieux marbre.
Les hirondelles goûtaient la sérénité
De ma grange et la chaleur de la paille,
Hébétées, fuyant l’hostile ferraille
Des ateliers et flots effrayants de vélos,
Quittant, heures pointées, l’infernal chaos
Et la sirène stridente de la liberté.
Champs de betterave, blé et pomme de terre
S’entremêlaient dans le décor de ce bosquet,
Voyant, une fois la récolte rentrée,
Une horde de femmes venues glaner
La part du pauvre , usage autorisé,
A ces foulards, ces sourires des durs hivers !
Quand à la bougie j’apprenais mes leçons,
Dehors, le soir, grands ducs, chouettes et hiboux
Hululaient leurs interminables réunions.
Non loin de la fenêtre, dans le noir , au bout,
Me conviant à la joie de leurs beaux dimanche,
Je voyais les lueurs de leurs yeux immenses.
Commentaires
Lumière du Nord, terre de mémoire. Jolie photographie, de celles que l'on a plaisir à retrouver dans les albums du passé.
Des souvenirs toujours bien présents, très beau texte.
Amitiés.
Adyne
Beau texte rappelant que la nature a toujours accompagné la vie difficile des ouvriers et des paysans. Et que malgré tout, cet ensemble pouvait être heureux.
Amitiés
Josette